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Proposition de lecture : « Bocages et mûres », recueil de nouvelles de Belka (47 pages, format 10 × 17 cm, auto édité en juin 2020)
Je serais heureuse de lire le recueil de nouvelles « Bocages et mûres » de Belka.
Voici une brève présentation de l’auteur : Ingénieur et linguiste, Belka, la cinquantaine, a suivi sa scolarité en Algérie, Kabylie, jusqu'à l'université. Il vit à Paris depuis vingt ans. Il écrit dans tous les genres littéraires, en français et en anglais, et , pour gagner sa baguette de pain, il travaille comme consultant dans les technologies de l'information. Sa dernière lecture, sur la philosophie des sciences, est une biographie croisée de Kurt Gödel et Einstein. Il est en train de lire un recueil de nouvelles de Boris Vian.
Il a publié ou autoédité une dizaine d’ouvrages (romans, récits, théâtre et poésie)
Le recueil de nouvelles « bocages et mûres » est inspiré de l’enfance de l’auteur passée dans un village de la montagne kabyle algérienne. La joie circule entre les êtres. Elle est partagée entre les grands-parents et leurs petits-enfants , insouciants, dont la grande affaire est de de jouer. La place du village, les cours de récréation, l’œil vigilant des instituteurs bienveillants et compétents sont autant de personnages de ces récits lumineux , tendres , profonds et ancrés dans la modernité. Les enfants jouent mais ils sont aussi studieux pour pour être capables, plus tard, de s’ouvrir au vaste monde.
Le recueil est constitué de nouvelles. Je joins ici le texte de deux d’entre elles … afin que vous puissiez vous faire une idée…
Avec tous mes remerciements,
Carole Détain
Les enfants sont partis
La femme du jeune retraité vient de voir sa fille cadette se marier, à 35 ans. La vieille en est soulagée. Ce qui n’est pas le cas de sa fille, Léa. Par ce mariage longue distance, Léa s’en est allée vers Washington, rejoindre son mari, ambassadeur. La vieille, Djohra de Terkia, mariait, du coup, sa quatrième fille. La tante de Dazwaw.
Dazwaw, un écolier. Les trois premières filles de Terkia, qu’il finit par appeler première tante, seconde tante, troi-sième tante, les trois sœurs aînées de son père. Sans oublier Léa, sa quatrième tante. Les deux premières tantes de Dazwaw, mariées dans le village, offraient à la collectivité quatre enfants. Deux garçons et deux filles. Soit un total de quatre garçons et quatre filles. La 3ème tante donnait un garçon et deux filles.
Léa, quant à elle, ne voulait pas d’enfants. Elle craignait de ne pas être une bonne maman. Surtout elle se vit incapa-ble de transmettre la culture kabyle à des enfants nés à l’étranger, sur le sol américain.
Mais, les voies du Seigneur sont impénétrables, paraît-il. Dès la première année, Léa accouchait d’un triplé : trois filles, d’un trait. La télé locale, celle de Washington, lieu de l’ambassade de son époux, avait signalé, en fanfare, cet heureux événement ; elle le mit à la une de son journal.
Sa maman, la vieille Djohra de Terkia, invitée pour fêter l’arrivée ailée de ses petites-filles, ne pouvait s’y rendre, vu sa claustrophobie. Pour elle, cela aurait été une mission impossible. Elle se vit inadaptée de supporter un voyage de huit ou neuf heures, par avion. Même une escale n’aurait pas calmé sa peur, cette phobie.
L’été d’après, Léa rentrait au bercail, avec ses trois bé-bés. Son mari, en colère contre le nouveau Premier ministre, fut démis de ses fonctions. Par conséquent, il reprenait son mandat de maire dans sa commune rurale. La famille, au grand complet, savourait de paisibles jours.
Les cousins et les cousines se voyaient, chaque jour, dans la cour de récréation ou sur le chemin de l’école. En fin de semaine, ils rendaient visite à leur grand-mère. Les quatre tantes, leurs époux et leurs enfants comblaient Djohra de Terkia, de leur présence. La vieille et son mari à la retraite ne se sentaient pas seul, heureux, fiers comme pas possible d’accueillir cette smala.
La maison, heureuse, joyeuse, turbulente et bruyante, ne désemplissait pas. Quand les filles, leurs maris et leurs enfants dégarnissaient les lieux, le vieux couple, Djohra de Terkia et son mari, Jugurtha de Juba de son second prénom, se servait un thé à la menthe. Ils l’accompagnaient d’une douce friandise préparée, de bon cœur, par l’une de leurs filles : Anissa, Léa, Aleksa ou Sadia.
Avant de se mettre au lit, ils se regardaient, face à face. Puis, à chacun leur tour, le mari ou l’époux, le regard mé-lancolique, le cœur quand même empli de joie, affirmait : « Les filles sont parties. Les enfants, ça grandit vite et ça nécessite une énergie intarissable pour jouer, crier et rire. Et ça mange. Et ça demande des soins continus ! »
De temps en temps, Djohra de Terkia, quand toute cette grande famille se posait sur le gazon, en été, au cours du joli pique-nique de 14 h 00, sous l’ombre fraîche, du frêne en corolle, revenait à sa prime préoccupation : l’avenir de ses petits-enfants. Alors elle mariait celui-ci avec celle-ci, celle-là avec celui-là. Et les parents en riaient, ainsi que les enfants.
Le jeune retraité, lui aussi, cautionnait la stricte appro-che de sa femme : « C’est bien de souder les liens fami-liaux. Après trente ans dans une grande ville, Paris, j’ai retenu que l’union fait la force. Attention aux ragots repris par les radios et les journaux, sur la fracture de la famille traditionnelle. À Paris, les familles s’unissent. Elles se ma-rient entre elles. Elles font leurs affaires entre elles. Rare-ment, un patron embauche en dehors de son cercle familial. C’est une question de confiance et de vie et de mort. Pour une prospérité certaine, durable. »
Les enfants, eux, elles, se voyaient déjà mariés. Ils jou-aient au mari, à la mariée. Ils se faisaient la bise sur les joues. Les garçons offraient des marguerites aux filles. Celles-ci leur offraient des mandarines. Ou bien elles leur essuyaient le front, après une course-poursuite dans les prai-ries et le jardin. Une façon de jouer l’épouse attentionnée, gentille, prête et ravie d’épauler son alter ego masculin, faire face, unis, aux situations difficiles.
Bienveillante, la grand-mère les recadrait : « Ne mettez pas la charrue avant les bœufs, mes trésors. Jouez ! Ne la surjouez pas ! Vous êtes encore des bébés. Les garçons, vous, d’abord passez votre service militaire. Sachez labou-rer et vous servir du fusil pour chasser le sanglier et les vilains étourneaux ravageurs de nos oliviers. Vous les filles, mes petites princesses, sachez la broderie et la cuisine. » Mais, personne ne contrariait la grand-mère.
Quand ses quatre filles, leurs maris et leurs enfants lui rendaient visite, elle refusait de passer la main pour prépa-rer le déjeuner, le café ou le dîner. Ses filles lui rapportaient des beignets, des galettes, des légumes, du pain, de la viande, du poulet, c’est vrai. En retour, elle persistait à jouer l’accueillante maîtresse de maison. Même la vaisselle, elle la réservait pour la fin des festivités quand tout ce beau monde serait parti. Pour argumenter ces choix, elle se mu-nissait du même argument : « Les enfants sont faits pour jouer et réviser leurs devoirs. Chaque chose en son temps. L’exercice nous tient en vie, Braque et moi. »
Le retraité, M. Braque ou Jugurtha de Juba, la soutenait sans faille : « Sinon ce serait l’ennui. » Aussitôt, il s’ap-puyait sur une affirmation de Pascal pour légitimer son propos. Il montait au grenier, rapportait un bouquin bien couvert, d’une couverture transparente. En première page, M. Braque avait noté ceci : « Paris, le 18 septembre 1978. Place Saint-Michel. Cadeau de Mohand de Saint-Germain, un loyal collègue à l’occasion de mon anniversaire. »
Mais, il omettait de fournir, sur cette page, l’exact cumul de ses années passées sous notre ciel. Il rejoignait l’assem-blée et désignait, au hasard, un enfant : « Viens ! Je testerai ta connaissance du français, de l’arabe et du kabyle ! Je verrai le fruit de notre belle école, républicaine. »
Les plus jeunes lisaient difficilement. Mais, les collé-giens et les lycéens, les collégiennes et les lycéennes, eux, elles, lisaient admirablement. Un soir, Silla, âgée de huit ans, en 4ème année primaire, lut à son grand-père cette sage affirmation de Pascal pour lutter contre l’oisiveté, source du strict vice : « Et l’homme, quelque heureux qu’il soit, s’il n’est diverti et occupé par quelque passion ou quelque amusement qui empêche l’ennui de se répandre, sera bientôt chagrin et malheureux. »
Le père de Silla, analphabète en train de suivre les cours du soir, avait posé une question : « Bravo ma petite. Je pense que Pascal s’est trompé. À moins que ce ne soit une erreur d’impression ! » Pour Kheloui, le père de Silla, Blaise Pascal devait écrire chagriné à la place de chagrin et il le martelait haut et fort.
La fille de la troisième tante, Nora en train de passer son bac, avait pouffé. Silence et stupéfaction générale. Son oncle, Kheloui, se sentait moqué : « Ma petite, tu as plus de chance que moi. À mon époque, peu de parents inscrivaient leurs enfants à l’école. C’était la misère. Il fallait travailler très jeune. Ton grand-père et ta grand-mère sont là pour confirmer ce désastre. »
Puis Kheloui remettait La vanité : le plaisir de la mon-trer aux autres ou le livre de Pascal, entre les mains de Nora. Elle vérifia que son oncle lisait bien. Elle tenta de lui expliquer la sémantique de chagrin et de chagriné et toute la famille l’avait admirée. Sauf la grand-mère : « Ma petite sirène agitée, tu papotes un peu trop, à mon goût. Tu devrais peut-être aider ta maman à préparer le café, distribuer le foin aux moutons. »
Maintenant, les enfants sont adultes. Les garçons sont mariés, ainsi que les filles. Les frontières, jadis fermées, sont ouvertes. La jeunesse peut voyager. Aller à l’étranger pour étudier aussi, et se marier avec des garçons étrangers, des filles étrangères, de différentes cultures, de différentes religions, de différentes langues, de différentes convictions politiques, philosophiques. Le noble métissage des peuples baigne dans une eau douce.
Les petits-enfants de M. Braque et Djohra de Terkia, attachés toujours à leurs racines, refusent ce métissage. Bien sûr, ils se mélangent aux autres, ils apprennent les langues étrangères, ils s’habillent comme tout le monde quand ils s’installent dans une nouvelle contrée.
Mais très curieusement dans les affaires, ils refusent de s’associer à des partenaires étrangers. Ils s’arrangent, sou-vent, pour s’associer avec leurs cousins et leurs cousines. Ce qui n’est pas le cas de leur progéniture, cette génération dite Y. Beaucoup plus ouverte sur les réseaux dits sociaux. Une fracture est en train de se créer, entre les parents et les enfants, partout dans le monde. Entre la tradition et la mo-dernité ? Entre le progrès et la régression ?
M. Braque et Djohra de Terkia, âgés de plus de quatre-vingt-dix ans, refusent d’associer la modernité au progrès. Dans leur village de Kabylie, bien que leurs enfants et leurs petits-enfants soient loin de leurs grands-parents, ces der-niers ne se sentent pas seuls. En effet, les applications digi-tales de la toile, Internet, ont réduit les distances. La toile maintient un lien permanent entre les vieux, Mme Djohra et M. Braque, et leur petits-enfants, éloignés. Ces nomades digitaux. Ces voyageurs infatigables.
Malgré une forte mutation dans les mœurs et la mauvaise influence des films exotiques, sans morale, sur la jeunesse, la solidarité d’antan tient le coup. Elle résiste.
C’est vrai. L’anonymat est un fait coutumier en Kabylie. Ne dit-on pas : « Pour vivre heureux, il faut se cacher ? » En ce qui concerne la famille de M. Braque et Djohra de Terkia, on ne peut dire que ces grands-parents se meurent dans une solitude sénile, moche, à l’image de ce qui est, de temps en temps, montré dans les documentaires… Ces der-niers filment des maisons de retraite tristes. Là-bas dans ces maisons du quatrième âge, leurs pensionnaires crient au scandale. Ils dénigrent leurs enfants, ingrats de ne pas leur rendre visite, au moins une fois dans l’année. Une fois, sur 365 jours, est-ce trop ?
À Laâzib-sur-Ghagha, le joli village de Djohra de Terkia, personne n’est seul. Tout le monde rend visite à tout le monde. À toute heure. Jour de deuil, jour de joie, le matin, à midi, le soir et la nuit. Automne, été, hiver et printemps. Les filles continuent de rester traditionnelles, en termes de géné-rosité envers leurs grands-parents et leurs propres parents et maris, tout en étant libres, indépendantes – au foyer ou bien au travail.
Elles continuent de s’habiller à l’ancienne, une fois ren-trées de l’école ou de leur bureau. Une fois mariés, les gar-çons, aussi, acceptent de cohabiter avec leurs parents. Bien sûr, des disputes, parfois, éclatent, entre les belles-mères et les belles-filles. Mais, tout finit par s’arranger.
Quelquefois, ça déménage. Les jeunes mariés dénichent un emploi en ville et un appartement de fonction. Ils quit-tent la vieille et le vieux et s’envolent, à la recherche de leur pain vital. Mais, ils reviendront, chaque semaine ou chaque mois, prendre des nouvelles de leurs géniteurs.
Et puis les nouvelles technologies de la communication et de l’information sont en train de réduire les distances. Bien sûr, il s’agit d’outils à double tranchant. Mais pour le moment, tout le monde y voit un aspect positif, jusqu’à preuve du contraire.
En ce qui concerne Djohra et Braque, rien ne leur man-que. La santé tient la route. Surtout leur mental. N’avaient-ils pas subi la Seconde Guerre mondiale et la Guerre de libération du ranch colonial ? « Ranch colonial » est l’exp-ression utilisée par Silla, la petite-fille en train d’enseigner à la Nouvelle-Orléans. Elle a tout expliqué à sa mamie : « Ce mot composé passe mieux devant le vrai adjectif. Les plaies ne sont pas encore refermées, ce me semble. »
De tempérament positif, Djohra adhère à la sémantique consensuelle de Silla : « Tu fais bien, mon trésor. Tu dois, toujours, choisir tes mots, éviter de froisser autrui. Le but est de construire des ponts entre les peuples, les cultures ; entre le passé, le présent et le futur. Érigeons de vraies passerelles communicationnelles, sans frontières ! »
Une certitude amère : malgré l’optimisme et la joie de vivre affichée, Djohra et Braque se rendent compte de leur solitude. Ils ont beau être connectés aux réseaux sociaux, communiquer de façon virtuelle, quasi-quotidienne, avec leurs petits-enfants, un goût amer subsiste au travers de leurs gorges. Chaque soir dans le jardin familial, le retraité, en train de s’en griller la cigarette crépusculaire, s’interro-ge : « Pourquoi l’État ne fait pas son possible, afin de retenir la jeunesse, chez nous ? Nous formons de brillants chercheurs et brillantes chirurgiennes. Au bout de la chaîne, ce sont les autres qui en recueillent le fruit. Ce n’est pas juste. Sans oublier le déchirement des séparations et, de fil en aiguille, l’éclatement des familles. »
À peine Braque rentré, la vieille l’accueille sur le seuil de la salle à manger : « Je viens de quitter les réseaux sociaux. Nora demande à te parler. Elle est enceinte de son troisième bébé. Elle a consulté le médecin des sages-femmes ou le pédiatre. Dans une semaine, il lui dira le genre de l’ange à naître. Ah ! ces machines capables de lire les pouvoirs naturels, jadis impénétrables ! »
Le retraité, le temps de prendre sa douche, arrive. Il s’installe sur le canapé gris. Entre-temps, la connexion Internet est coupée, à cause des fortes intempéries en train de ravager les USA. Toutefois, ni la vieille ni le vieux ne savent cette tempête. Autrement, ils se seraient inquiétés. Devant ce moche bug informatique, technique, incontrô-lable, la vieille, bredouille, honteuse, s’excuse, les lèvres pendantes : « Les enfants sont partis. Ils rappelleront plus tard. Avec le décalage horaire, ils sont peut-être au travail. Là-bas, les patrons ne rigolent pas vu les gros salaires qu’ils versent aux salariés. » Une inquiétude : cette violente tem-pête, américaine, emportera-t-elle les petits-enfants kabyles, de Djohra et Braque ?
La télé du vendredi soir
Le retraité admet, enfin, le rôle éducatif de la télé. De fil en aiguille, titulaire d’un groupe électrogène, il accepte de fournir le courant électrique à son voisin Lepetit. Ce dernier équi-pera, du coup, son café d’un téléviseur. Grâce à ce bijou, il compte attirer plus de monde, jeunes et vieux, lors des grands événements sportifs, culturels, politiques et de conquête spatiale.
Je garde, encore, l’image de ma première séance dans ce café. Mon camarade Sid, fils de Lepetit, m’accueillit dans leur « cinéma » avec un tapis rouge, si l’on veut. Un télé-film était attendu par tous les adolescents et les adoles-centes du pays ; et par les vieux célibataires. L’entrée valait 50 centimes. Je n’avais rien payé puisque Sid m’invitait. Le générique de début était projeté. Tout le monde retenait son souffle…
Grand, maigrichon, j’allais sur mes 12 printemps. Dès le début, mon imagination s’aiguisa. Avant même que la belle Chérifa, l’héroïne, ne crevât l’écran, je l’admirai à la folie. Admiration due à ma lecture de la revue du cinéma. Celle-ci avait encensé les actrices, une semaine auparavant. Le film commençait. Vlan ! un beau garçon crevait l’écran : barbe en pointe, la main belle, silhouette svelte, l’œil alerte, velouté, la moustache, fine, comme roussie au feu, et j’étais jaloux. Ne serait-il pas le fiancé de l’héroïne, Chérifa ?
Le voilà devant un portail. Il attendait qu’on lui ouvrît. Vêtu d’une chemise blanche, cravate papillon, un panama à ruban rayé, il tenait un bouquet de roses. Une petite fille, admirable, cils noir de jais, cheveux frisés, un lé de tulle sur son épaule droite pour laisser nue, exprès, l’épaule gauche, vint lui ouvrir.
J’étais jaloux. Les « spectateurs » retinrent leur souffle. Des voix, du fond du café, incitaient le galant garçon à passer aux choses romantiques : « Embrasse ta jolie ! Ne sois pas timide ! Ne perds pas de temps dans un discours inutile ! »
Vite, une chaleur piqua mes oreilles puis mes tempes et pommettes. Je me levai et quittai le « cinéma » de Sid. Une rumeur moqua vite ma fuite : « La jeunesse ! Toujours timi-de devant les scènes romantiques ! Ça débute par des fleurs et ça finit par des baisers volés ou consentis. » La voix rau-que, du vieux Lepetit, l’expert en choses de la vie, exprima sa franchise montagnarde : « La jeunesse ne patiente pas. Ce malin est sorti pour rêver, les yeux ouverts, sous un olivier ou sous le frêne de la place Tabucict ! »
Plus tard, je donnerais raison à Lepetit. En effet, j’étais impatient et très jaloux. Je lui donnerais raison quand j’avais lu