ANONYME – Contes traditionnels africains

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    VictoriaVictoria
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      #150072
      VictoriaVictoria
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        ANONYME – Contes traditionnels africains





        UN ŒIL

        C’est l’histoire d’un homme, misérable. Sans doute le plus misérable du village : il n’avait plus rien, pas même de quoi manger ce jour-là. Alors, dans son désespoir, il décida de partir, de quitter ce village, ses terres qui ne lui donnaient pas même de quoi  se nourrir. Et il s’en alla sur le chemin, droit devant lui, ne sachant où ses pas le conduiraient.

        Il marcha ainsi quelque temps, quand, soudain, il fit une rencontre ! Oh ! Pas n’importe laquelle : il rencontra Dieu !!!

        -Oh ! oh ! Jeune homme, dit Dieu en l’arrêtant, comme tu me parais triste ! Si triste que je vais te proposer de réaliser le vœu de ton choix ! Seulement, écoute-moi bien : Ton voisin aura le double de toi, et je te donne 2 jours pour réfléchir. Retrouvons-nous ici même dans 2 jours et tu me diras quel vœu tu as choisi.

        Le jeune homme fit donc demi-tour pour rentrer chez lui. « Mais je n’ai pas besoin de deux jours pour réfléchir, je sais ce que je vais demander : une énorme caisse pleine d’or !!! » Mais…deux secondes plus tard, plein de dépit,  il cognait son poing dans son autre main : « Zut ! mon voisin aura DEUX caisses d’or !!! Ah non ! »

        Tout en continuant de marcher, il réfléchit à une autre idée : « ouais ! je vais demander une grande maison ! » Mais… une seconde plus tard, il cognait son poing dans son autre main : « Zut ! mon voisin aura DEUX maisons !!! Ah non ! Ah non ! »

         Il arriva ainsi chez lui, cherchant toujours une belle idée. Les heures passaient, déjà la nuit était là, déjà la nuit coulait, chaude. « ouais !!! ça y est ! j’ai trouvé !!! je vais lui demander… une femme ! » Mais une demi seconde ne s’était pas écoulée : « Zut ! mon voisin aura DEUX femmes !!! Ah non ! ah non ! ah non ! »

        Le jour se leva, la journée passa sans que le jeune homme réussisse à trouver un vœu satisfaisant… Et il commençait d’être sérieusement inquiet. La deuxième nuit passa, dans la même douloureuse angoisse. Et le moment de partir sur le chemin retrouver Dieu arriva, sans qu’il ait son idée. Il partit cependant, l’air aussi morne et accablé que deux jours précédemment.

         Et puis… et puis soudain… il sut qu’il la tenait son idée ! enfin ! une superbe idée ! Ah oui ! Elle était bonne celle-là ! Et de joie il sautait en l’air, faisait des cabrioles sur le chemin, lançait son rire dans le vent !

        -Oh ! oh ! dit Dieu en le tapotant sur l’épaule pour l’arrêter. Comme te voilà joyeux, mon garçon ! Tu as sans doute trouvé un vœu bien extraordinaire ! Alors, dis-moi un peu, quel est-il ?

        Alors, le jeune homme … lentement … posa son index sous son œil, s’approcha de Dieu, et murmura : « crève-moi un œil ! »






        #150073
        VictoriaVictoria
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          ANONYME – Contes traditionnels africains



          Ingratitude



          Plusieurs hommes partirent dans la savane, pour chasser. L’un d’entre eux, très vite, perdit ses compagnons. Il revint en arrière, partit à droite, à gauche : rien ! Il était absolument seul, et complètement perdu, au milieu de la savane. Déjà le soir tombait, il était très inquiet. Soudain il vit, devant lui, un lion ! un lion qui avançait, lentement, mais bien dans sa direction. Il s’approchait en douceur, comme s’il était sûr de sa future proie !!! Le chasseur tremblait de tout son corps, et se voyait déjà mort ! Pourtant le lion avançait toujours de ce même pas lent, majestueux. Il ne semblait pas agressif, tant il était beau ! Il s’approcha tout près de l’homme. Il le renifla, sans grogner. Puis il  le poussa doucement, de sa grosse tête. Le chasseur comprit alors que la bête lui indiquait une direction à prendre, il comprit qu’il devait marcher. Le lion ne voulait donc pas l’attaquer tout de suite ??? Et ainsi, doucement poussé par la bête, l’homme fit quelques pas, puis encore d’autres, et  encore. La nuit tombait vite, le froid commençait de pincer. Le lion entraîna le chasseur jusque dans son antre. Et là, de sa gueule, il lui donna à manger. Avec sa fourrure, il le réchauffa. L’homme s’endormit et ne se réveilla qu’aux premiers rayons du soleil. Et le lion, comme la veille, de sa gueule redonna à manger à l’homme. Puis, de sa grosse tête, il le poussa dehors et le raccompagna jusqu’au village ! Arrivé à l’entrée du village, le lion s’arrêta, salua l’homme et fit demi-tour. Le chasseur, éperdu de reconnaissance, le regarda s’éloigner, puis soudain, il courut retrouver et rassurer ses amis.

          Cependant, le lion n’alla pas loin en direction de la savane, très vite il revint sur ses pas, pénétra dans le village, et aux éclats de voix, reconnut la maison où se trouvait le chasseur : il se coucha sous la fenêtre et écouta :

          -Ah ! ah ! mes compagnons ! me voilà !!!

          -Comment ?! Tu es là ! nous te croyions tous mort ! Oh ! quel prodige as-tu vécu, raconte-nous !

          Et le chasseur raconta comment le lion l’avait conduit dans son antre, comment il l’avait nourri de sa gueule, comment il l’avait réchauffé de sa fourrure. « Ah, vrai ! les amis ! quelle belle nuit j’ai passée ! »

          -Eh ! eh ! s’esclafèrent ses amis, dis-nous plutôt que c’est avec une femme que tu as passé cette si merveilleuse nuit !!!

          Le chasseur insista pour qu’on le croie, et plus il insistait, plus ses compagnons riaient de lui, sans le croire. Alors, il ajouta :

          -Si c’est vrai ! et même… et même que le lion … il puait de la gueule !

          Le lion, sous la fenêtre, se leva lentement, sans bruit, et fila dans sa savane.

          Le lendemain matin, notre chasseur s’en alla au puits chercher de l’eau. Et il fut tout surpris et heureux de revoir là son lion ! Celui-ci s’approcha du chasseur et lui dit, en mettant une de ses pattes sur le sommet de sa tête :

          – Sors ton couteau et fais-moi une profonde entaille, là, sur le crâne.

          – Quoi ? moi, te blesser ? Après ce que tu fait pour moi ! Jamais !!!

          – Fais-moi une profonde entaille, là. Sinon, d’un coup de patte, je te tue !

          Le chasseur, navré et stupéfait, brandit son couteau et entailla le front de l’animal, profondément. Le sang coula. Aussitôt, le lion partit en direction de la savane.

          Le lendemain, le chasseur, de retour au puits, retrouva le lion qui l’attendait à la même place :

          -Regarde ma blessure, dit-il, et dis-moi où elle en est.

          Le chasseur s’approcha de la tête, regarda :

          -Le sang ne coule plus.

          Et le lion repartit vers la savane.

          Le surlendemain, le chasseur rencontra à nouveau le lion vers le puits, et dut à nouveau observer la plaie :

          -Elle se referme doucement, dit le chasseur, content de voir que la cicatrisation commençait.

          Et chaque jour, au même endroit, à la même heure, le chasseur retrouva le lion qui lui faisait la même demande, jusqu’au jour où l’homme put enfin dire :

          -La plaie est presque cicatrisée, des poils commencent déjà de repousser.

          Alors, le lion eut ces paroles :

          -Tu vois, la plaie que tu m’as faite au corps cicatrise, mais celle que tu m’as faite au cœur, ne cicatrisera jamais !

          Et d’un seul  coup de patte, le lion tua le chasseur.




          #150075
          VictoriaVictoria
          Participant

            ANONYME – Contes traditionnels africains



            La Parole







            Dridi est un grand et magnifique jeune homme, à la peau noire et luisante. Sa vie est bien agréable : chaque matin, il lui suffit de se promener le long de la plage, là où les petites vagues s’échouent, en poussant devant lui son épuisette, et ainsi il trouve sa nourriture quotidienne.

            Un jour, alors qu’il marchait ainsi, les pieds dans l’écume des vagues, il vit, posé sur le sable mouillé, un crâne ! Dridi , surpris, mais aussi tout ému, se pencha lentement, observa le crâne, puis il murmura :

            -Crâne, pauvre crâne, qui donc t’a amené là ?

            Soudain, Dridi eut l’impression d’écouter quelque chose, comme une réponse à sa question ! Il s’approcha un peu plus et reposa sa question :

            -Crâne, pauvre crâne, qui donc t’a amené là ?

            Et cette fois, Dridi est sûr : il a entendu le crâne murmurer : « la parole » !

            Alors aussitôt, il pensa au chef du village : « il faut que le chef soit au courant de ce prodige ! » Et il courut de toutes ses longues jambes, jusqu’à la case du chef. Là, il le trouva, comme d’habitude, enfoncé dans des coussins, gros et gras, en train de manger :

            -Chef ! chef ! sur la plage il y a un crâne qui parle, venez vite voir !

            -Ne vois-tu donc pas que je suis occupé ! Et tu oses me déranger !

            -Chef, c’est un prodige ! Vous devez venir voir !

            -Ecoute-moi bien, Dridi : je vais effectivement te suivre et aller voir. Mais attention : si tu m’as dérangé pour rien, je te tranche la tête avec mon sabre !

            Et le chef souleva son énorme ventre, se mit debout péniblement et sortit, à la suite de Dridi, qui courait déjà sur le sable. Le chef  finalement parvint jusqu’à lui, et s’inclina au dessus du crâne. Dridi, accroupi, prit la parole :

            -Crâne, pauvre crâne, qui donc t’a amené là ?

            Seul le silence suivit la question.

            -Crâne, pauvre crâne, dis à mon chef qui t’a amené là.

            Même silence ! Dridi aperçut le sabre du chef, qui brillait au soleil. Des gouttes de sueur perlaient sur le front du jeune homme, inquiet. Il renouvela sa question encore une fois. Même silence !

            Il s’inclina un peu plus, tout près du crâne, et le supplia de répondre. Mais le chef, exaspéré, saisit son épée et d’un coup vif, il trancha la tête de Dridi ! Et rebroussa chemin.

            La tête de Dridi roula un peu dans le sable, puis s’arrêta contre le crâne. Alors, si vous aviez été là, vous auriez bien entendu le crâne dire :

            -Crâne, pauvre crâne, qui donc t’amené là ?

            Et vous auriez vu les machoires de Dridi s’ouvrir, sa langue remuer, et vous auriez très bien entendu  sa réponse : « La parole. »

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