BOUTEILLER, Gaël (de) – Poèmes

Accueil Forums Textes BOUTEILLER, Gaël (de) – Poèmes

2 sujets de 1 à 2 (sur un total de 2)
  • Auteur
    Messages
  • #143495
    BruissementBruissement
    Participant
      #154447
      BruissementBruissement
      Participant

        Bouteiller, Gaël (de) – Poèmes

        A travers les sublimes pâleurs des oasis de mon pays

        Et des arbres irréels, perlent les dures lumières.

        Sur mon rocher, sur hier, je me suis assis.

        A mon côté, le lac des pleurs amers

        Où j'ai trempé l'âme d'acier,

        Plus loin, mon char attend de dévaler

        Des contrées inconnues aux lueurs nouvelles.

        D'or, je grave mon nom dans le ciel.

        Messager blessé des temps désespérés,

        Mon chant s'évapore comme une douce rosée:

        J'annonce la joie d'être abandonné.



        Nous rêvions d'un désespoir

        Si noir qu'il pût illuminer

        Le bitume d'atroces trottoirs

        Et assombrir le passé

        Nous voulions cueillir l'espoir

        Dans d'autres champs

        Que les sillons du présent,

        Et briser tous les miroirs,

        Oublier le temps

        Qui assèche nos abreuvoirs.



        J'irai casser tous vos jouets

        Et déranger les places dans la nuit;

        Meurtrir vos rêves

        Et mettre aux fers vos enfants,

        Repousser vos projets

        Et abolir vos droits.



        Je vous tendrai des miroirs sans fard,

        Raboterai vos paysages.

        Nos milices laisseront un goût sauvage de ruine

        Dans votre histoire.



        Vos richesses vous condamneront,

        La pauvreté vous aveuglera,

        Vos oeuvres périront.



        Et au coeur de ces heures

        Des larmes vous accuseront….



        Je tisserai alors le linceul de votre être

        Dans votre appel éperdu

        _ dit le Temps.



        Partons, ô mon coeur, ô mon âme,

        Et toi aussi mon corps, allons

        Tous trois boire à la flamme

        Qui nous assèche au fond.

        Que l'âme parte devant,

        Le coeur dans la main

        Le corps ira suivant,

        Il arrivera demain matin.

        Passez la nuit en prière,

        La chair veillera

        A vos souhaits de lumière

        Tant qu'elle pourra.

        Que l'âme parte devant,

        Ne vous trompez pas de chemin,

        Le corps ira suivant,

        Il arrivera demain matin.



        Mon espoir se meurt

        Les balises sont restées au port

        Et le ciel est si bas

        Si bas que mes larmes le mouillent.

        Nous étions partis de bon matin

        Et puis…Rien!

        Mon espoir est un grand blessé

        D'une guerre de tranchées…

        Qui pourrait encore reconnaître son visage enfantin?



        J'avais marché de longues années,

        Traversé des villages amicaux et familiers

        Et des forêts aux paroles de vent étranges.

        J'ai été le jeu des étoiles filantes.



        Enfant une montagne m'appelait

        L'horizon est plus loin que l'on pourrait croire

        Mais j'ai joint la crête ce soir!

        Et une table m'attendait…



        Je t'ai cherché

        D'abord dans mes nuits,

        Dans mon lit.

        Je t'ai cherché

        Parmi les côteaux des villes,

        Dans les ruelles rouges.

        Je t'ai cherché

        Dans l'homme et la femme;

        Dans les creux de mon âme.

        Je t'ai cherché

        Dans la soif et la faim,

        Dans les danses et le vin.

        Je t'ai cherché

        A l'écart du monde, aux lumières fécondes

        En solitude, en pauvreté, en liberté et en beauté.

        Je t'ai cherché

        Du plus fort de mes forces

        Avec la volonté de l'impie.

        Je t'ai cherché

        Le long des bibliothèques,

        Dans la nature comme architecte.

        Je t'ai cherché

        A travers mes mains, dans l'attention à Toi,

        Dans les regards de l'intelligence

        Ou de l'indigent sans défense.

        Je t'ai cherché

        Sur les sentiers de mon Europe,

        Par toute la terre,

        Sous-sols et monastères.

        Je t'ai cherché

        Sens dessus dessous,

        Abandonné aux ondes,

        Je t'ai cherché.

        J'ai voulu te concevoir

        Et nous voilà ce soir!

        Je t'ai cherché,

        Et j'ai froid

        Perdu en moi.

        Je t'ai cherché

        Avidement,

        Et si je ne t'ai pas saisi,

        J'ai appris à t'aimer.



        Viens prends ma main

        Nous allons bercer

        Des rythmes sereins.

        Allons à côté

        Dans le jardin,

        Tu verras les fleurs

        Qui naissent sur ma terre.

        Tu verras mon coeur

        Comprendras ses mystères.



        Il est si facile de s'écarter un peu.



        Baisse les cils

        Sur tes si beaux yeux.

        Je te donnererai mon domaine,

        Mes élans vers Dieu.

        Je t'apprendrai mes peines,

        Tu me consoleras un peu.

        Viens, prends ma main,

        Viens ma Confiance,

        Sur des rythmes sereins,

        Allons à nos espérances.



        De la paix, nous n'avions que le nom,

        Elle semblait triste

        A mon corps assoiffé d'excès.



        Hier nous apprend nos faiblesses.

        Dans l'holocauste de l'amour

        Peu de place pour les armes:

        Nous les avons redéfinies

        Avec les forces, les champs d'investigations,

        Les combats, les luttes….

        Au service d'un seul chef, le Christ.



        Pauvrement vêtus, de vulgaires sacs,

        L'amour dans les mots

        Et la seconde joue en bandoulière.



        Aujourd'hui de la paix, nous avons un certain sens,

        Et l'empreinte de nos pas allégés

        Espère laisser un peu de sa vie,

        De son temps à Elle.



        Si s'élargit la réalité pour nos regards,

        Alors un jour arrive où la raison s'émerveille.



        Ce que vous m'avez donné

        Je l'ai offert,

        L'or, je l'ai dilapidé

        Comme j'ai pu.



        Puis les genoux plantés en terre,

        J'ai essayé la prière.

        Mon sillon d'homme,

        Mes forces ont travaillé à sa profondeur.

        Toute ma volonté, mes nerfs

        D'enfant du décalage

        Sont en partage pour la bataille.



        Reste dans mes mains vides

        Un visage:

        Mon âme qu'elles te tendent,

        Comme ça.

        Comme il s'en allait,

        Bercé de souvenirs défunts,

        Il les prit d'un air distrait

        Dans la paume de sa main.



        Puis les jeta sur la table

        Avec une nonchalance équivoque,

        Le temps est bien du sable

        Et le navire prend l'eau par la coque.



        Ma mémoire est un automne

        Aux mille feuilles séchées

        Et moi je suis un homme

        Qui aime à cultiver.



        J'ai bien des horizons

        De tous mes voyages,

        J'arrache le masque des mirages

        Et m'achemine sans cesse à une moisson.



        Nous offrirons ces fruits

        Aux saveurs essentielles

        Pour faire goûter le ciel

        A ceux qui logent ici.



        Viens

        Comme l'extrême espérance!

        Tu viens

        Contre toute attente!



        Viens

        Ne lasse pas l'absence

        Les vides ennuient.

        Tu viens

        Echos des prières!



        Viens

        Déchirer le silence!

        Tu viens au coeur des corps

        Vêtu de lumière



        Viens

        Répondre à la litanie des siècles!

        Et à l'heure de la mort.

        Tu viens

        Révéler le visage du temps

        A nos philosophies endormies,,

        Révéler à nouveau la vie

        Aux âmes saoules de patience et de veille.

        Viens, toi

        Qui n'oublieras pas

        De t'incliner

        Devant le vide

        Le pauvre inconnu

        En signe

        De remerciement



        Car ce geste

        T'était naturel.



        Viens, la lumière

        De tes yeux et de ton coeur

        Nous fera passer l'hiver.



        J'ai des trésors plein ma cave

        Souvenir, plaisirs et réjouissances.

        Dans un petit coffre, les perles

        Des amitiés échangées.

        Mais il ne veut tenir nulle part

        Le bien le plus précieux:

        Ce temps que tu m'as donné.



        Tu es mon véhicule,

        L'oiseau des matins,

        Le silence nocturne,

        L'instant qui bouscule.

        Tu es le quotidien

        L'univers qui respire.

        Tu es l'unique

        Preuve du présent

        Incertain qui s'en va,

        Le coeur du réel.

        Tu es la promesse

        Faite au coeur de chair

        Le petit bonheur et la grâce,

        Notre humanité et sa fin.

        Tu es la voile et le vent,

        La mer et l'esquif,

        Et le phare souriant.



        Ta couronne s'effeuille

        Et disperse ses pétales

        Au souffle du temps.



        Résonances du Verbe en prière,

        Qui sur les lèvres ardentes

        Ou sous les plumes ailées se révèlent.



        Je cherche à te nommer

        Et t'appelant, je t'approche,

        Vers toi, ma langue se délie.



        Coeur du livre de vie,

        Naturellement fécond en son rythme,

        En sa respiration, le Verbe nomme.



        Tu es la clef du sens, si je l'oublie

        La Substance de la réalité s'échappe

        Et je laisse une porte close.



        Comme toute raison perd sa cause

        Lorsqu'à travers les effets

        Nous cessons de Te voir vivant.



        Dans la brise fraîche,

        Dans le rayon ardent,

        Dans le plus tumultueux des vents

        Et dans la sécheresse,

        Dans la nature en fête,

        Dans l'hiver piquant de froid,

        Dans l'ombre des bois

        Et partout où je m'arrête,

        Que ton regard, Seigneur,

        Partout m'accompagne,

        Jusqu'à cette montagne

        Que ma foi transporte avec ferveur.



        L'oeil vert enlacé

        De ses mille cheveux

        Me renvoie le baiser

        De ces malheureux

        Qui, comme moi, croient

        Que la vie est un songe

        Où l'on meurt sans effroi,

        Sans risque ni peur.

        Oubliant le malheur

        Qui la frappe,

        Qui me frappe,

        Qui me tue

        Et la tue,

        Qui l'aime et que j'aime.

        L'oeil vert enlacé

        De ses mille cheveux

        Me renvoie le baiser

        Que je n'ai pas donné.

        Que deviendra-t-il

        Notre petit exil?

        Ce fragile champ clos,

        Notre armure de fleurs…

        Que deviendra-t-elle

        Ma peau

        Sans celle

        Qui veille sur un berceau?



        Elle passe la caravane,

        La caravane des âmes,

        Traversant les cultes

        Et des vents de perdition,

        Avec ses fous, ses ânes

        Et ses dompteurs de tumulte.

        Tout un peuple aux noms improbables.

        Elle passe la caravane,

        La caravane des âmes…

        Nous sommes les pauvres gueux,

        Les gueux de l'Eternité

        Et nous soulevons sous nos pieds

        La poussière des villes jusqu'aux cieux!

        J'aime m'asseoir et m'emplir d'Esprit.

        Nous sommes la caravane,

        La caravane des pauvres âmes.

        Il y a pour nous la conscience

        Et les talents prostrés,

        Des dons qui ont perdu sens

        Dans l'ivresse et la nécessité

        Des temps,

        Un renversement

        Pour ordonner.

        La caravane passe

        Sur les bonheurs et les fatalités…

      2 sujets de 1 à 2 (sur un total de 2)
      • Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.
      Veuillez vous identifier en cliquant ici pour participer à la discution.
      ×