DIVERS – 13 Poèmes célèbres mis en musique

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  • #142481
    Augustin BrunaultAugustin Brunault
    Maître des clés
      #148667
      Augustin BrunaultAugustin Brunault
      Maître des clés

        DIVERS – 13 Poèmes célèbres mis en musique

        Source : Club des Poètes.



        Alfred de Musset – À Pépa (recueil : Premières poésies)

        Pépa, quand la nuit est venue,
        Que ta mère t'a dit adieu ;
        Que sous ta lampe, à demie nue,
        Tu t'inclines pour prier Dieu ;

        A cette heure où l'âme inquiète
        Se livre au conseil de la nuit ;
        Au moment d'ôter ta cornette
        Et de regarder sous ton lit ;

        Quand le sommeil sur ta famille
        Autour de toi s'est répandu ;
        O Pépita, charmante fille,
        Mon amour, à quoi penses-tu ?

        Qui sait ? Peut-être à l'héroïne
        De quelque infortuné roman ;
        A tout ce que l'espoir devine
        Et la réalité dément ;

        Peut-être à ces grandes montagnes
        Qui n'accouchent que de souris ;
        A des amoureux en Espagne,
        A des bonbons, à des maris ;

        Peut-être aux tendres confidences
        D'un coeur naïf comme le tien ;
        A ta robe, aux airs que tu danses ;
        Peut-être à moi, peut-être à rien.

        #148668
        Augustin BrunaultAugustin Brunault
        Maître des clés

          Alfred de Musset – Chanson (recueil : Poésies nouvelles)

          À Saint-Blaise, à la Zuecca,
          Vous étiez, vous étiez bien aise
                      À Saint-Blaise.
          À Saint-Blaise, à la Zuecca,
                      Nous étions bien là.

          Mais de vous en souvenir
                      Prendrez-vous la peine ?
          Mais de vous en souvenir
                      Et d’y revenir,

              À Saint-Blaise, à la Zuecca,
          Dans les prés fleuris cueillir la verveine ?
              À Saint-Blaise, à la Zuecca,
                  Vivre et mourir là !

          #148669
          Augustin BrunaultAugustin Brunault
          Maître des clés

            Alfred Jarry – La chanson du décervelage (extrait de la pièce Ubu cocu)

            Je fus pendant longtemps ouvrier ébéniste
            Dans la rue du Champ d' Mars, d' la paroiss' de Toussaints.
            Mon épouse exerçait la profession d' modiste,
            Et nous n'avions jamais manqué de rien.

            Quand le dimanch' s'annonçait sans nuage,
            Nous exhibions nos beaux accoutrements
            Et nous allions voir le décervelage
            Rue d' l'Échaudé, passer un bon moment.

            Voyez, voyez la machin' tourner,
            Voyez, voyez la cervell' sauter,
            Voyez, voyez les rentiers trembler ;
            Hourra, cornes-au-cul, vive le père Ubu !

            Nos deux marmots chéris, barbouillés d' confitures,
            Brandissant avec joie des poupins en papier,
            Avec nous s'installaient sur le haut d' la voiture
            Et nous roulions gaîment vers l'Échaudé.

            On s' précipite en foule à la barrière,
            On s' fich' des coups pour être au premier rang ;
            Moi j' me mettais toujours sur un tas de pierres
            Pour pas salir mes godillots dans l'sang.

            Voyez, voyez la machin' tourner,
            Voyez, voyez la cervell' sauter,
            Voyez, voyez les rentiers trembler ;
            Hourra, cornes-au-cul, vive le père Ubu !

            Bientôt ma femme et moi nous somm's tout blancs d' cervelle
            Les marmots en boulottent et tous nous trépignons
            En voyant l' Palotin qui brandit sa lumelle,
            Et les blessur's et les numéros d' plomb.

            Soudain j' perçois dans l' coin, près d' la machine,
            La gueul' d'un bonze qui n' m' revient qu'à moitié.
            Mon vieux, que j' dis, je r'connais ta bobine,
            Tu m'as volé, c'est pas moi qui t' plaindrai.

            Voyez, voyez, la machin' tourner,
            Voyez, voyez la cervell' sauter,
            Voyez, voyez les rentiers trembler ;
            Hourra, cornes-au-cul, vive le père Ubu !

            Soudain j' me sens tirer la manche par mon épouse :
            Espèc' d'andouille, qu'ell' m' dit, v'là l' moment d' te montrer :
            Flanque-lui par la gueule un bon gros paquet d' bouse,
            V'là l' Palotin qu'a just' le dos tourné.

            En entendant ce raisonn'ment superbe,
            J'attrap' sus l' coup mon courage à deux mains :
            J' flanque au rentier une gigantesque merdre
            Qui s'applatit sur l' nez du Palotin,

            Voyez, voyez la machin' tourner,
            Voyez voyez la cervell' sauter,
            Voyez voyez les rentiers trembler ;
            Hourra, cornes-au-cul, vive le père Ubu !

            Aussitôt j' suis lancé par-dessus la barrière,
            Par la foule en fureur je me vois bousculé
            Et j' suis précipité la tête la première
            Dans l' grand trou noir d'où s' qu'on n' reviens jamais.

            Voilà c' que c'est qu' d'aller d' promener l' dimanche
            Rue d' l'Échaudé pour voir décerveler,
            Marcher l' Pinc'-Porc ou bien l' Démanch'-Comanche,
            On part vivant et l'on revient tudé.

            Voyez, voyez la machin' tourner,
            Voyez, voyez la cervell' sauter,
            Voyez, voyez les rentiers trembler ;
            Hourra cornes-au-cul, vive le père Ubu !

            #148670
            Augustin BrunaultAugustin Brunault
            Maître des clés

              Charles Cros – À ma femme endormie (recueil : Le collier de griffes)

              Tu dors en croyant que mes vers
              Vont encombrer tout l'univers
              De désastres et d'incendies ;
              Elles sont si rares pourtant
              Mes chansons au soleil couchant
              Et mes lointaines mélodies.

              Mais si je dérange parfois
              La sérénité des cieux froids,
              Si des sons d'acier ou de cuivre
              Ou d'or, vibrent dans mes chansons,
              Pardonne ces hautes façons,
              C'est que je me hâte de vivre.

              Et puis tu m'aimeras toujours.
              Éternelles sont les amours
              Dont ma mémoire est le repaire ;
              Nos enfants seront de fiers gas
              Qui répareront les dégâts,
              Oue dans ta vie a faits leur père.

              Ils dorment sans rêver à rien,
              Dans le nuage aérien
              Des cheveux sur leurs fines têtes ;
              Et toi, près d'eux, tu dors aussi,
              Ayant oublié, le souci
              De tout travail, de toutes dettes.

              Moi je veille et je fais ces vers
              Qui laisseront tout l'univers
              Sans désastre et sans incendie ;
              Et demain, au soleil montant
              Tu souriras en écoutant
              Cette tranquille mélodie.

              #148671
              Augustin BrunaultAugustin Brunault
              Maître des clés

                Clément Marot – Languir me fais (recueil : L'Adolescence clémentine)

                Languir me fais sans t'avoir offensée :
                Plus ne m'écris, plus de moi ne t'enquiers.
                Mais nonobstant autre Dame ne quiers :
                Plutôt mourir que changer ma pensée.

                Je ne dis pas t'amour être effacée,
                Mais je me plains de l'ennui que j'acquiers,
                Et loin de toi humblement te requiers
                Que loin de moi, de moi ne sois fâchée.

                #148672
                Augustin BrunaultAugustin Brunault
                Maître des clés

                  François de Maucroix – Stances

                  Chloris, je vous le dis toujours,
                  Ces faiseurs de pièces tragiques,
                  Ces chantres de gens héroïques
                  Ne chantent pas bien les amours.

                  De beaux mots leurs oeuvres sont pleines,
                  Ils sont sages comme Catons,
                  Ils sont discrets pour les Hélènes,
                  Et muets pour les Jeannetons!

                  Tout ce qu'on nomme bagatelle
                  Déplaît à ces rares esprits;
                  On dirait qu'ils sont en querelle
                  Avec les Grâces et les Ris.

                  Pour moi qui hais la muse austère
                  Et la gravité de ses tons,
                  Je vous ai choisi, ma bergère,
                  Pour le sujet de mes chansons.

                  Au doux murmure des fontaines
                  Je mêlerai des airs si doux
                  Que les dieux des prés et des plaines
                  Deviendront amoureux de vous.

                  Mais gardez bien d'être infidèle
                  A votre fidèle berger;
                  Car, ma Chloris, pour être belle,
                  Il n'est pas permis de changer.

                  #148673
                  Augustin BrunaultAugustin Brunault
                  Maître des clés

                    Gaston Couté – Cantique païen

                    Je suis parti sans savoir où
                    Comme une graine qu'un vent fou
                    Enlève et transporte :
                    A la ville où je suis allé
                    J'ai langui comme un brin de blé
                    Dans la friche morte

                    J'ai dit bonjour à bien des gens
                    Mais ces hommes étaient méchants
                    Comme moi sans doute.
                    L'amour m'a fait saigner un jour
                    Et puis j'ai fait saigner l'Amour
                    Au long de ma route.

                    Je suis descendu bien souvent
                    Jusqu'au cabaret où l'on vend
                    L'ivresse trop brève;
                    J'ai fixé le ciel étoilé
                    Mais le ciel, hélas! m'a semblé
                    Trop haut pour mon rêve.

                    Las de chercher là-haut, là-bas
                    Tout ce que je n'y trouve pas
                    Je reviens vers celle
                    Dont le sang coule dans mon sang
                    Et dont le grand coeur caressant
                    Aujourd'hui m'appelle.

                    Au doux terroir où je suis né
                    Je reviens pour me prosterner
                    Devant les miracles
                    De celle dont les champs sans fin
                    De notre pain de notre vin
                    Sont les tabernacles.

                    Je reviens parmi les guérets
                    Pour gonfler de son souffle frais
                    Ma poitrine infâme,
                    Et pour sentir, au seuil du soir,
                    Son âme, comme un reposoir
                    S'offrir à mon âme.

                    Je reviens, ayant rejeté
                    Mes noirs tourments de révolté
                    Mes haines de Jacques,
                    Pour que sa Grâce arrive en moi
                    Comme le dieu que l'on reçoit
                    Quand on fait ses Pâques.

                    Notre Dame des Sillons!
                    Ma bonne Sainte Vierge, à moi!
                    Dont les anges sont les grillons
                    O Terre! Je reviens vers toi!

                    #148674
                    Augustin BrunaultAugustin Brunault
                    Maître des clés

                      Jean-Pierre Rosnay – À tire d'elles

                      … (à venir)

                      #148675
                      Augustin BrunaultAugustin Brunault
                      Maître des clés

                        Louise Labé – Sonnets, VIII

                        Je vis, je meurs : je me brûle et me noie,
                        J’ai chaud extrême en endurant froidure ;
                        La vie m’est et trop molle et trop dure,
                        J’ai grands ennuis entremêlés de joie.

                        Tout en un coup je ris et je larmoie,
                        Et en plaisir maint grief tourment j’endure,
                        Mon bien s’en va, et à jamais il dure,
                        Tout en un coup je sèche et je verdoie.

                        Ainsi Amour inconstamment me mène
                        Et, quand je pense avoir plus de douleur,
                        Sans y penser je me trouve hors de peine.

                        Puis, quand je crois ma joie être certaine,
                        Et être en haut de mon désiré heur,
                        Il me remet en mon premier malheur.

                        #148676
                        Augustin BrunaultAugustin Brunault
                        Maître des clés

                          Paul Verlaine – Green (recueil : Romances sans paroles)

                          Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches
                          Et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous.
                          Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
                          Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux.

                          J'arrive tout couvert encore de rosée
                          Que le vent du matin vient glacer à mon front.
                          Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée
                          Rêve des chers instants qui la délasseront.

                          Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête
                          Toute sonore encor de vos derniers baisers;
                          Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête.
                          Et que je dorme un peu puisque vous reposez.

                          #148677
                          Augustin BrunaultAugustin Brunault
                          Maître des clés

                            Pierre de Ronsard – Madrigal (recueil : Sonnets pour Hélène)

                            Si c’est aimer, Madame, et de jour et de nuit,
                            Rêver, songer, penser le moyen de vous plaire,
                            Oublier toute chose, et ne vouloir rien faire
                            Qu’adorer et servir la beauté qui me nuit ;

                            Si c’est d’aimer de suivre un bonheur qui me fuit,
                            De me perdre moi-même et d’être solitaire,
                            Souffrir beaucoup de mal, beaucoup craindre et me taire,
                            Pleurer, crier merci et m’en voir éconduit ;

                            Si c’est aimer de vivre en vous plus qu’en moi-même,
                            Cacher d’un front joyeux une langueur extrême,
                            Sentir au fond de l’âme un combat inégal,
                            Si cela c’est aimer, furieux je vous aime ;

                            Je vous aime, et sais bien que mon mal est fatal ;
                            Chaud, froid, comme la fièvre amoureuse me traite ;
                            Honteux, parlant à vous, de confesser mon mal :
                            Le cœur le dit assez, mais la langue est muette.

                            #148678
                            Augustin BrunaultAugustin Brunault
                            Maître des clés

                              Pierre de Ronsard – Les Amours, CLXXI

                              Ni les dédains d'une Nymphe si belle,
                              Ni le plaisir de me fondre en langueur,
                              Ni la fierté de sa douce rigueur,
                              Ni contre amour sa chasteté rebelle,
                              Ni le penser de trop penser en elle,
                              Ni de mes yeux la fatale liqueur,
                              Ni mes soupirs messagers de mon coeur,
                              Ni de ma flamme une ardeur éternelle,
                              Ni le désir qui me lime et me mord,
                              Ni voir écrite en ma face la mort,
                              Ni les erreurs d'une longue complainte,
                              Ne briseront mon coeur de diamant,
                              Que sa beauté n'y soit toujours empreinte,
                              Belle fin fait qui meurt en bien aimant.

                              #148679
                              Augustin BrunaultAugustin Brunault
                              Maître des clés

                                Rémy de Gourmont – Les feuilles mortes (recueil : Simone, 1901)

                                Simone, allons au bois : les feuilles sont tombées ;
                                Elles recouvrent la mousse, les pierres et les sentiers.

                                Simone, aimes-tu le bruit des pas sur les feuilles mortes ?

                                Elles ont des couleurs si douces, des tons si graves,
                                Elles sont sur la terre de si frêles épaves !

                                Simone, aimes-tu le bruit des pas sur les feuilles mortes ?

                                Elles ont l'air si dolent à l'heure du crépuscule,
                                Elles crient si tendrement, quand le vent les bouscule !

                                Simone, aimes-tu le bruit des pas sur les feuilles mortes ?

                                Quand le pied les écrase, elles pleurent comme des âmes,
                                Elles font un bruit d'ailes ou de robes de femme.

                                Simone, aimes-tu le bruit des pas sur les feuilles mortes ?

                                Viens : nous serons un jour de pauvres feuilles mortes.
                                Viens : déjà la nuit tombe et le vent nous emporte.

                                Simone, aimes-tu le bruit des pas sur les feuilles mortes ?

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