(O) DEGANDT, Alain – Et si l’on chantait ? (6 chansons)

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  • #145023
    Alain DegandtAlain Degandt
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      #162878
      Alain DegandtAlain Degandt
      Participant

        Bonjour à tous,

        Je soumets à vos suffrages six chansons. J'espère qu'elles vous plairont.

        La première, je l'offrirai en cadeau aux enfants confinés (et à leurs parents sans doute très occupés Clin d'oeil mais qui sauront bien trouver quelques petites minutes de répit pour se détendre en y prêtant l'oreille…) :

        Sais-tu c'que j'ai vu ?

        Les cinq autres, sous forme de main offerte (plutôt aux adultes) :

        La romance de Lolita

        J'ai cassé ma pipe

        La péniche

        Pas la frite

        Sérénade



        SAIS-TU C’QUE J’AI VU ? (Chanson pour les enfants)

         

        1 – Sais-tu c’que j’ai vu,

        C’que j’ai vu,

        C’que j’ai vu, en sautant d’mon lit ?

         

        J’ai vu dans le matin gris

        Un loup de Transylvanie

        Poursuivant à l’aveuglette

        La queue d’une souricette

        En nuisette.

         

         

        2 – Sais-tu c’que j’ai vu,

        C’que j’ai vu,

        C’que j’ai vu, au coin de ma rue ?

         

        J’ai vu un renard joufflu

        Se sauvant d’un poulailler

        L’oeil hagard, les traits tirés

        Comme il avait l’air fourbu !

        Pauvre bête !

         

         

        3 – Sais-tu c’que j’ai vu,

        C’que j’ai vu,

        C’que j’ai vu,

        au fond d’mon jardin ?

         

        J’ai vu sous une salade

        Une limace malade

        D’avoir couru l’marathon

        Autour d’un gros potiron

        Sans gonflette.

         

         

        4 – Sais-tu c’que j’ai vu,

        C’que j’ai vu,

        C’que j’ai vu, derrièr’ mon armoire ?

         

        J’ai vu, les mains dans les poches

        Une band’ de pauvres mioches

        Qui sifflaient un air ancien

        C’était “Tiens, v’là du boudin !”

        À tue-tête.

         

         

         

        5 – Sais-tu c’que j’ai vu,

        C’que j’ai vu,

        C’que j’ai vu, dans le ciel de pluie ?

         

        J’ai vu voler un facteur

        L’air jovial et sympathique

        Chargé de porte-bonheur

        Pour les enfants d'Amérique

        Quel athlète !

         

         

        6 – Sais-tu c’que j’ai vu,

        C’que j’ai vu,

        C’que j’ai vu, un dimanch’ matin ?

         

        J’ai vu à l’arrêt du bus

        Une tique et une puce

        S’disputer le dos d’un chien

        Qui allait prendre le train

        Gar’ de l’Est.

         

         

        7 – Sais-tu c’que j’ai vu,

        C’que j’ai vu,

        C’que j’ai vu, l’quatorze juillet ?

         

        J’ai vu un porte-drapeau

        L’oeil luisant et le coeur gros

        Ecouter la Marseillaise

        Du match de rugby à treize

        Tarbes-Sète.

         

         

        8 – Sais-tu c’que j’ai vu,

        C’que j’ai vu,

        C’que j’ai vu, au bal des pompiers ?

         

        J’ai vu un saxophoniste

        Jouer les équilibristes

        Il cherchait un Si bémol

        Juché sur les deux épaules

        D’la Préfète.

         

         

        Fin : Sais-tu c’que j’ai vu, c’que j’ai vu ? …

         

        LA ROMANCE DE LOLITA

         

        1 – Solange est une Lolita

        Qui jamais ne lit au lit

        Ell’ rêve de Dolce Vita

        Baby Doll en Italie

         

        2 – Un jour ell’ quitt’ra la Mayenne

        Prendra le train pour Paris

        Marr’ de rester dans la moyenne

        Peut plus survivre à l’ennui

         

        3 – Les aut’ fill’ ont des roploplos

        Des gros nibards, des nénés

        Des roberts, des loch', des lolos

        Dont les point’ vous saut’ au nez

         

        4 – Solange a de petits nichons

        Un’ pair’ de seins virtuels

        Qui affolent tous les garçons

        Tous les yeux se port’ sur elle

         

        5 – Dimanche au concours de plongeon

        Dans son maillot à bretelles

        Elle égala les grands champions

        En torpille sexuelle

         

        6 – Ell’ mit le jury dans sa poche

        En se trémoussant des hanches

        Ses copin’ étaient plutôt moches

        La coupe était dans la manche

         

        7 – Un jour un vague impresario

        Que connaissait un d’ses potes

        La fit venir dans ses studios

        Ell’ crut gagner le jackpot

         

        8 – Ell’ s’mit à singer Rachel Welsh

        Brigitt’ Bardot, Marilyn

        Ell’ s’badigeonnait de crèm’ fraîche

        Dévalisait les vitrines

         

        9 – Cet italien libidineux

        En âge d’être son père

        Profita de son corps grâcieux

        Et d’son fougueux caractère

         

        10 – Ell’ tourna des rôles de niaise

        Dans des feuill’tons pour mémères

        Elle essayait de mettre à l’aise

        Ses grands dadets d’partenaires

         

        11 – Le soir ell’ rentrait dans sa piaule

        Un’ chambr’ de bonn’ sous les toits

        L’néon du Crédit Agricole

        Rythmait l’blues, le désarroi

         

        12 – Ell’ regrettait d’avoir quitté

        Sans même avoir crié gare

        Ses vieux parents, sa bell’ cité

        Et foutu l’camp à la gare

         

        13 – Oubliant dans sa foll’ cavale

        Rachid, Ahmed, son lycée

        L’odeur d’moisi des rues d’Laval

        Les flirts, la band’, les baisers

         

        14 – L’hystérie d’sa mère abîmée

        Par trente ans d’conservatoire

        Et son père en gauchiste athée

        L’Télérama dans l’tiroir

         

        15 – Mais p’têt’ qu’un beau jour aura lieu

        Au détour d’une réplique

        Un évèn’ment miraculeux

        Un trouble_ un souffle_ un déclic

         

        16 – Devant l’équipe médusée

        Par son ton si véridique

        Ell’ f’ra connaître au monde entier

        Ses dons d’actrice tragique

         

        17 – Finis les seconds rôl’ miteux

        Les hôtels borgn’, les cafards

        L’avenir s’ouvre, radieux :

        SOLANGE EST DEVENUE STA-A-AAAAR !!!!

         

         

        J’AI CASSÉ MA PIPE

         

        REFRAIN :

        J’ai cassé ma pipe

        Ma vieill’ pipe en bois

        Et en écume de mer

        Qui me venait d’oncle Omer

         

        1 – Il m’avait fait devant notaire

        L’héritier d’cet objet de choix

        Et quand il a cassé sa pipe

        Qui en hérita ? – C’est bien moi !

        REFRAIN

         

        2 – Zoé, ma tant’ de Saint-Nazaire

        Faillit avaler son bréviaire

        De jalousie, quand elle apprit

        Qu’d’Omer j’étais le légataire !

         

        REFRAIN

         

        3 – Dans son bon gros fourneau bien chaud

        Je fumais du foin d’artichaut

        Et d’la crott’ séchée de chameau

        Coupée de gazon d’Angleterre

        REFRAIN

         

        4 – Il sortait d’ma locomotive

        Un nuage en forme d’endive

        Qui m’donnait pas l’allur’ sportive :

        Auprès des fill’, c’était zéro !

         

        REFRAIN

         

        5 – C’est pourquoi de manièr’ furtive

        J’allais m’cacher dans les coursives

        Pour me détruire la salive

        En aspirant l’jus du tuyau …

         

        Loin du r’gard des badauds !

        Tout en bas, tout en bas

        Tout en bas, tout en bas

        Tout en bas, tout en bas

        Tout en bas du bateau !

         

         

        LA PÉNICHE

         

        Depuis vingt ans qu’ell’ fait l’tapin

        Entre Clichy et Caumartin

        Elle a acquis de l’expérience

        De l’amour ell’ connaît la science

        Trois nœuds à l’heur’, c’est sa cadence

        C’est sa cadence

         

        Depuis vingt ans qu’ell’ fait l’trottoir

        Levée très tôt, couchée très tard

        Y’a pas d’plac’ pour la vie d’famille

        Ell’ qui rêvait d’avoir un’ fille

        D’y croire encor', ça la béquille

        Ça la béquille

         

        Depuis vingt ans qu’ell’ fait c’boulot

        Faut fair’ l’amour sans fair’ d’marmots

        Sinon ton mac perd du pognon

        Ça l’rend nerveux, y t’fil’ des gnons

        Et vid’ tes cales au ceinturon

        Au ceinturon

         

        Ça fait vingt ans qu’ell’ fait la pute

        Qu’ell’ vend son corps aux mâl(e)s en rut

        Vingt ans d’amour sans sentiments

        Gestes brutaux, mots dégradants

        Un drôl’ de fret dans ton chaland

        Dans ton chaland

         

        Vingt ans ça tir’ sur les guibolles

        On s’alanguit, on devient molle

        On n’a plus d’chien, on perd la foi

        Parfois c’est mêm’ n’importe quoi

        On reste à quai pendant des mois

        Pendant des mois

         

        En vingt ans on tomb’ sur des dingues

        Qui piqu’ leur cris(e), qui vous déglinguent

        D’un coup d’surin vous défigurent

        Vous brûl’ un sein ou vous torturent

        Y’a d’la rouill’ dans tout’ la structure

        Tout’ la structure

         

        L’artisanat, c’est passé d’mode

        On vous fil’ vos congés sans solde

        Les jeun’ commenc’ sans avoir l’âge

        Le top, c’est l’usin’ d’abattage

        Faut s’bouger du ch’min de halage

        Ch’min de halage

         

        Alors à l’heur’ de la retraite

        On s’retrouv’ tout’ seul’ comme un’ bête

        Sans vraie amie, sans compagnon

        Le corps meurtri, l’cœur en haillons

        Sous la ligne de flottaison

        De flottaison

         

         

        © Alain DEGANDT – Guéret, mars 2000 – Tous droits réservés

         

        PAS LA FRITE

        Journée maussade

        Le cœur en rade

        Mon goéland est en cal’ sèche

        Mon canari bouff’ l’os de seiche

        Dans sa cage

         

        Jour de lenteur

        Traînent les heures

        J’égrèn’ le temps sur mon piano

        J’me lav’ les mains au lavabo

        J’n’ai plus d’âge

        Oh ! pas la frite ! non,non,non,non … je n’ai pas la frite …

         

        Molles ivresses

        Pâles caresses

        J’erre entre plaisir et ennui

        Puni, banni du Paradis

        Et j’enrage

         

        Paroles plates

        Fruits qui se gâtent

        Jamais je n’atteindrai la rive

        Le bois où naît la source vive

        Une plage

        Oh ! pas la frite ! non,non,non,non … je n’ai pas la frite …

         

        Les corps humides

        Les nuits torrides

        Je danse avec le grand troupeau

        Le sam’di soir après l’boulot

        J’suis en nage

         

        Car de touristes

        Perdue la piste

        J’photographie le monument

        De ma bêtis’ dans le ciment

        Je voyage

        Hou, hou, hou …

         

        Être tout seul

        Jusqu’au linceul

        Que peut m’apporter l’avenir

        Hiéroglyph’ j’arriv’ pas à lire

        J’tourn’ la page

        Car …

        Oh, là,là,là,là,là,là … oh ! pas la frite !

        Non, non,non,non … je n’ai pas la frite.

         

        © Alain DEGANDT – Guéret, février 2000 – Tous droits réservés

         

         

        SÉRÉNADE

         

        Un couple d’amants enlacés

        De retour du bal,

        Raviva notre cher passé

        Comme un vieux fanal :

         

        Ensemble nous nous promenions

        Le long du canal.

        Une péniche et nous rêvions

        À d’autres escales.

         

        Un rameur glissait en silence,

        Passait un vélo.

        Le garçonnet de l’Assistance

        Rentrait son troupeau.

         

        Au loin le ciel était en sang

        Par-dessus les monts,

        Il étalait ses pansements

        Et nous nous serrions.

         

        Nous croisions l’idiot du village

        Qui sifflait un air,

        Suivant le chemin de halage

        Ses souliers ouverts.

         

        Il faisait bon, tu avais froid :

        « – Il est déjà tard ! »

        Et je t’abritais sous mon bras,

        J’aimais ton regard.

         

        Des jardiniers faisaient brûler

        Des fanes de pois.

        Des chasseurs, le fusil cassé,

        Donnaient de la voix.

         

        Se hâtant, un vol de ramiers

        Faisait siffler l’air.

        Liz, la femme de l’éclusier,

        Fermait sa barrière.

         

        Quand arrivés chez tes parents,

        Dessous la marquise,

        Nous nous embrassions goulûment,

        C’était l’heure exquise.

         

        Collé contre toi me disant :

        « – J’ai mal à pleurer.

        Fais bien attention, sois prudent ! »

        Je te rassurais.

         

        Tu me tendais alors tes lèvres,

        L’air désespéré.

        Tu tremblais, tu avais la fièvre.

        Un chien aboyait.

         

        « – Mon bel amour je dois partir,

        Va, ne prends pas froid. »

        Tu esquissais un doux sourire :

        « – Téléphone-moi ». (bis)

         

        © Alain DEGANDT – Guéret, janvier 2000 – Tous droits réservés

        Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui.

        Bonne fin de journée à tous !

        Alain D.


        #162879
        PommePomme
        Participant

          OUI

          J'ai beaucoup aimé vos textes, malgré une sourde nostalgie, ou grâce à ce sentiment délicat. Ils sont à la fois pleins de vie et mélancoliques. Une réussite.

          La chanson pour enfants = une perle!

          Vite vite que nous vous entendions chanter!

          #162883

          O

          #162884
          DomiDomi
          Participant

            O

            #162886
            Christine TreilleChristine Treille
            Participant

              O

              #162894
              EsperiidaeEsperiidae
              Participant

                O O O O O O  

                #162895
                BruissementBruissement
                Participant

                  O

                  #162914
                  Christian DoussetChristian Dousset
                  Participant

                    Un peu de blues et bien du talent; bravo, Alain!

                    O

                    #162915
                    AhikarAhikar
                    Participant

                      O

                      Au plaisir de vous entendre chanter!!! Sourire

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