GAULLE, Charles (de) – Appels à la Résistance

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  • #143063
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      #152332
      Prof. TournesolProf. Tournesol
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        GAULLE, Charles (de) – Appel du 18 juin

        Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement. Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s’est mis en rapport avec l’ennemi pour cesser le combat.

        Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l’ennemi.

        Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd’hui.

        Mais le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !

        Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n’est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.

        Car la France n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l’Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l’Angleterre, utiliser sans limites l’immense industrie des États-Unis.

        Cette guerre n’est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n’est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n’empêchent pas qu’il y a, dans l’univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd’hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l’avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.

        Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j’invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d’armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec moi.

        Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas.

        Demain, comme aujourd’hui, je parlerai à la Radio de Londres.



        Version anglophone (Souce : Wikisource)

        “The leaders who, for many years, were at the head of French armies, have formed a government. This government, alleging our armies to be undone, agreed with the enemy to stop fighting. Of course, we were subdued by the mechanical, ground and air forces of the enemy. Infinitely more than their number, it was the tanks, the airplanes, the tactics of the Germans which made us retreat. It was the tanks, the airplanes, the tactics of the Germans that surprised our leaders to the point to bring them there where they are today.

        “But has the last word been said? Must hope disappear? Is defeat final? No!

        “Believe me, I speak to you with full knowledge of the facts and tell you that nothing is lost for France. The same means that overcame us can bring us to a day of victory. For France is not alone! She is not alone! She is not alone! She has a vast Empire behind her. She can align with the British Empire that holds the sea and continues the fight. She can, like England, use without limit the immense industry of United States.

        “This war is not limited to the unfortunate territory of our country. This war is not finished by the battle of France. This war is a world-wide war. All the faults, all the delays, all the suffering, do not prevent there to be, in the world, all the necessary means to one day crush our enemies. Vanquished today by mechanical force, we will be able to overcome in the future by a superior mechanical force.

        “The destiny of the world is here. I, General de Gaulle, currently in London, invite the officers and the French soldiers who are located in British territory or who would come there, with their weapons or without their weapons, I invite the engineers and the special workers of armament industries who are located in British territory or who would come there, to put themselves in contact with me.

        “Whatever happens, the flame of the French resistance not must not be extinguished and will not be extinguished. Tomorrow, as today, I will speak on Radio London.”


        #152333
        Prof. TournesolProf. Tournesol
        Participant

          GAULLE, Charles – Appel du 22 juin

          Le gouvernement français, après avoir demandé l’armistice, connaît maintenant les conditions dictées par l’ennemi.

          Il résulte de ces conditions que les forces françaises de terre, de mer et de l’air seraient entièrement démobilisées, que nos armes seraient livrées, que le territoire français serait totalement occupé et que le Gouvernement français tomberait sous la dépendance de l’Allemagne et de l’Italie.

          On peut donc dire que cet armistice serait, non seulement une capitulation, mais encore un asservissement.

          Or, beaucoup de Français n’acceptent pas la capitulation ni la servitude, pour des raisons qui s’appellent l’honneur, le bon sens, l’intérêt supérieur de la Patrie.

          Je dis l’honneur ! Car la France s’est engagée à ne déposer les armes que d’accord avec ses Alliés. Tant que ses Alliés continuent la guerre, son gouvernement n’a pas le droit de se rendre à l’ennemi. Le Gouvernement polonais, le Gouvernement norvégien, le Gouvernement hollandais, le Gouvernement belge, le Gouvernement luxembourgeois, quoique chassés de leur territoire, ont compris ainsi leur devoir.

          Je dis le bon sens ! Car il est absurde de considérer la lutte comme perdue. Oui, nous avons subi une grande défaite. Un système militaire mauvais, les fautes commises dans la conduite des opérations, l’esprit d’abandon du Gouvernement pendant ces derniers combats, nous ont fait perdre la bataille de France. Mais il nous reste un vaste Empire, une flotte intacte, beaucoup d’or. Il nous reste des alliés, dont les ressources sont immenses et qui dominent les mers. Il nous reste les gigantesques possibilités de l’industrie américaine. Les mêmes conditions de la guerre qui nous ont fait battre par 5 000 avions et 6 000 chars peuvent nous donner, demain, la victoire par 20 000 chars et 20 000 avions.

          Je dis l’intérêt supérieur de la Patrie ! Car cette guerre n’est pas une guerre franco-allemande qu’une bataille puisse décider. Cette guerre est une guerre mondiale. Nul ne peut prévoir si les peuples qui sont neutres aujourd’hui le resteront demain, ni si les alliés de l’Allemagne resteront toujours ses alliés. Si les forces de la liberté triomphaient finalement de celles de la servitude, quel serait le destin d’une France qui se serait soumise à l’ennemi ?

          L’honneur, le bon sens, l’intérêt de la Patrie, commandent à tous les Français libres de continuer le combat, là où ils seront et comme ils pourront.

          Il est, par conséquent, nécessaire de grouper partout où cela se peut une force française aussi grande que possible. Tout ce qui peut être réuni, en fait d’éléments militaires français et de capacités françaises de production d’armement, doit être organisé partout où il y en a.

          Moi, Général de Gaulle, j’entreprends ici, en Angleterre, cette tâche nationale.

          J’invite tous les militaires français des armées de terre, de mer et de l’air, j’invite les ingénieurs et les ouvriers français spécialistes de l’armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui pourraient y parvenir, à se réunir à moi.

          J’invite les chefs et les soldats, les marins, les aviateurs des forces françaises de terre, de mer, de l’air, où qu’ils se trouvent actuellement, à se mettre en rapport avec moi.

          J’invite tous les Français qui veulent rester libres à m’écouter et à me suivre.

          Vive la France libre dans l’honneur et dans l’indépendance !



          Version anglophone (Source : Wikisource)

          The French government now knows, after having requested an armistice, the conditions dictated by our enemy. These include the complete demobilisation of the French land, sea and air forces; the surrender of our armaments; the total occupation of French territory; and the complete reliance of the French government on Germany and Italy. One could therefore call this armistice not merely a capitulation, but rather an enslavement.

          Many Frenchmen remain who accept neither capitulation nor servitude, for reasons of honour, common sense and the best interest of our homeland.

          I say honour! Because France has committed to its Allies to make no separate peace. While the Allies continue to wage war, the French government does not have the right to render aid to the enemy. The Polish government, the Norwegian government, the Dutch government, the Belgian government, the Luxembourgish government—although chased from their lands, they understood their duties.

          I say common sense! Because it is absurd to consider the war lost. Yes, we have suffered a great defeat. Poor military organization, mistakes in the conduct of operations and the government's failure of will-power during these recent battles have caused us to lose the Battle of France. But we still retain a vast empire, an intact navy, much treasure. We still have Allies, who possess immense resources and who dominate the seas. We still have the gigantic potential of American industry. The same conditions that sent us to defeat at the hands of five thousand aircraft and six thousand tanks, may one day hand us victory with twenty thousand aircraft and twenty thousand tanks.

          I say the best interest of our homeland! Because this war is not simply between France and Germany, decided by one battle. This is a world war. None can predict whether the neutral nations of today will remain so tomorrow, nor whether Germany's allies will stay with her always. If the forces of liberty finally triumph over those of servitude, what will be the destiny of a France which submitted to the enemy?

          Honour, common sense and the best interest of our homeland command all the free French to continue to fight, wherever they are and however they are capable. It is therefore necessary to unite the largest possible groups of French forces wherever this can be done. All who can be so united—both military forces and military industrial capacity—must be organised.

          I, General de Gaulle, am assuming here in England this national task.

          I invite all French land, sea and air forces, I invite the engineers and armament workers who find themselves in British territory to unite around me. I invite the officers and soldiers, the marines and aviators, wherever they find themselves now, to put themselves in contact with me. I invite all Frenchmen who wish to remain free to listen to me and follow me.

          Long live free France, with honour and independence!

          #152334
          Prof. TournesolProf. Tournesol
          Participant

            GAULLE, Charles – L'Affiche de Londres


            A TOUS LES FRANÇAIS

            « La France a perdu une bataille !

            Mais la France n’a pas perdu la guerre !

            Des gouvernants de rencontre ont pu capituler, cédant à la panique, oubliant l’honneur, livrant le pays à la servitude. Cependant, rien n’est perdu !

            Rien n’est perdu, parce que cette guerre est une guerre mondiale. Dans l’univers libre, des forces immenses n’ont pas encore donné. Un jour ces forces écraseront l’ennemi. Il faut que la France, ce jour-la, soit présente à la victoire. Alors, elle retrouvera sa liberté et sa grandeur. Tel est mon but, mon seul but !

            Voila pourquoi je convie tous les Français, où qu’ils se trouvent, à s’unir à moi dans l’action, dans le sacrifice et dans l’espérance.

            Notre patrie est en peril de mort.

            Luttons tous pour la sauver !



            VIVE LA FRANCE !

            #152335
            Prof. TournesolProf. Tournesol
            Participant

              GAULLE, Charles – L'Affiche de Londres

              Version anglophone (Source)

              To all Frenchmen

              « France has lost a battle !

              But France has not lost the war ! »

              A makeshift government may have capitulated, giving way to panic, forgetting honour, delivering their country into bondage. Yet nothing is lost !
              Nothing is lost, because this war is a world war. In the free universe, immense forces have not yet swung into operation. Some day these forces will crush the enemy. On that day, France must be present at the victory. She will then regain her liberty and her greatness. Such is my goal, my only goal !
              That is why I urge all Frenchmen, wherever they may be, to unite with me in action, in sacrifice and in hope.

              Our country is in mortal danger.
              Let us all fight to save her.

              Long live France !

              General de Gaulle
              Headquarters,
              4, Carlton Gardens,
              London, S.W.1.

              #152336
              BruissementBruissement
              Participant

                Merci, cher Prof Tournesol, voilà qui est intéressant à retenir.

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