LAFORGUE, Jules – Poésies

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  • #146190
    VictoriaVictoria
    Participant

      LAFORGUE, Jules – Poésies

      La Cigarette


      Oui, ce monde est bien plat ; quant à l’autre, sornettes.
      Moi, je vais résigné, sans espoir, à mon sort,
      Et pour tuer le temps, en attendant la mort,
      Je fume au nez des dieux de fines cigarettes.

      Allez, vivants, luttez, pauvres futurs squelettes.
      Moi, le méandre bleu qui vers le ciel se tord
      Me plonge en une extase infinie et m’endort
      Comme aux parfums mourants de mille cassolettes.

      Et j’entre au paradis, fleuri de rêves clairs
      Ou l’on voit se mêler en valses fantastiques
      Des éléphants en rut à des choeurs de moustiques.

      Et puis, quand je m’éveille en songeant à mes vers,
      Je contemple, le coeur plein d’une douce joie,
      Mon cher pouce rôti comme une cuisse d’oie.

      #146191
      VictoriaVictoria
      Participant

        Spleen

        Tout m’ennuie aujourd’hui. J’écarte mon rideau,
        En haut ciel gris rayé d’une éternelle pluie,
        En bas la rue où dans une brume de suie
        Des ombres vont, glissant parmi les flaques d’eau.

        Je regarde sans voir fouillant mon vieux cerveau,
        Et machinalement sur la vitre ternie
        Je fais du bout du doigt de la calligraphie.
        Bah ! sortons, je verrai peut-être du nouveau.

        Pas de livres parus. Passants bêtes. Personne.
        Des fiacres, de la boue, et l’averse toujours…
        Puis le soir et le gaz et je rentre à pas lourds…

        Je mange, et bâille, et lis, rien ne me passionne…
        Bah ! Couchons-nous. – Minuit. Une heure. Ah ! chacun dort !
        Seul, je ne puis dormir et je m’ennuie encor.

        #146192
        VictoriaVictoria
        Participant

          La Chanson du petit hypertrophique

          C’est d’un’ maladie d’ coeur
          Qu’est mort’, m’a dit l’ docteur,
          Tir-lan-laire !
          Ma pauv’ mère ;
          Et que j’irai là-bas,
          Fair’ dodo z’avec elle.
          J’entends mon cœur qui bat,
          C’est maman qui m’appelle !

          On rit d’ moi dans les rues,
          De mes min’s incongrues
          La-i-tou !
          D’enfant saoul ;
          Ah ! Dieu ! C’est qu’à chaqu’ pas
          J’étouff’, moi, je chancelle !
          J’entends mon cœur qui bat,
          C’est maman qui m’appelle !

          Aussi j’ vais par les champs
          Sangloter aux couchants,
          La-ri-rette !
          C’est bien bête.
          Mais le soleil, j’ sais pas,
          M’ semble un coeur qui ruisselle !
          J’entends mon coeur qui bat,
          C’est maman qui m’appelle !

          Ah! si la p’tit’ Gen’viève
          Voulait d’ mon coeur qui s’ crève.
          Pi-lou-i !
          Ah, oui !
          J’ suis jaune et triste, hélas !
          Elle est ros’, gaie et belle !
          J’entends mon cœur qui bat,
          C’est maman qui m’appelle !

          Non, tout l’ monde est méchant,
          Hors le coeur des couchants,
          Tir-lan-laire !
          Et ma mère,
          Et j’ veux aller là-bas
          Fair’ dodo z’avec elle…
          Mon coeur bat, bat, bat, bat…
          Dis, Maman, tu m’appelles ?

          #142141
          VictoriaVictoria
          Participant
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