NAHMAN, Rabbi – Contes

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      BruissementBruissement
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        Contes du Rabbin Nahman de Breslev

        Les contes du Rabbin Nahman sont des histoires à clé. Certaines anecdotes sont empruntées aux légendes et aux fables du monde occidental, d'autres à la tradition juive, et d'autres encore sont le fruit de son inspiration. Les contes du Rabbin Nahman  opposent toujours le bien au mal, la sagesse à la bêtise, l'espoir au découragement. L'homme qui fait le bien se rapproche de Dieu, celui qui s'occupe de ses intérêts matériels s'en écarte. Dieu est toujours personnalisé sous la forme du Roi. L'homme vertueux, c'est le fils du Roi. La notion de Dieu et de Diable dans le Judaïsme diffère profondément de celle du Christianisme. Le terme “Satan” est un nom commun qui signifie “obstacle”. Le Satan est la force divine qui met l'homme à l'épreuve. Chez le Rabbin Nahman, le Diable, le Serpent de la Genèse, c'est le mauvais penchant, ce sont les passions et les fantasmes qui tentent l'individu.

        A la fin des contes les plus difficiles, une note tâchera d'en expliquer le sens symbolique, à son niveau le plus simple.

        1.    Le sceptique

        Il était une fois un homme qui ne croyait pas à l'existence de gens qui se moquent des autres. Une nuit, il entendit des coups frappés à sa fenêtre :
        ” Eh, l'homme ! Veux-tu acheter un cheval magnifique pour trois fois rien ? Sors de chez toi et viens voir la belle bête que j'ai à vendre ! “
        Il sortit de chez lui, examina le bel animal et eut envie de l'acquérir. Il demanda au vendeur :
        ” Combien en veux-tu ? “
        L'autre répondit :
        ” Quatre roubles.
        Notre homme remarqua que le cheval en valait bien deux fois plus, à savoir huit roubles, et peut-être même davantage, vu qu'il s'agissait d'une bête remarquable. Il acquit donc le cheval pour la somme de quatre roubles et il se félicita de la bonne affaire qu'il avait faite.
        Le lendemain,  il se rendit au marché pour y vendre le cheval. Un acquéreur lui en proposa un prix excellent. L'homme pensa :
        ” Si l'on m'en donne un tel prix, cela signifie que mon cheval en vaut deux fois plus. “
        Il  refusa donc de conclure l'affaire au prix indiqué. Survint un second acheteur qui lui proposa le double. Notre homme réfléchit :
        ” Si on m'en donne maintenant le double, cela veut dire qu'il vaut encore plus cher … “
        Il refusa encore de vendre.
        Un troisième négociant lui offrit le double du prix proposé par le deuxième. L'homme refusa à nouveau, persuadé que le cheval valait encore plus cher que la somme énorme qu'on voulait lui donner.
        Il refusa même de vendre à quelqu'un qui lui proposa plus de mille roubles. Finalement, il était convaincu qu'il avait en main une fortune que personne ne pourrait acquérir, si ce n'est le Roi lui-même. Il se rendit au palais royal et présenta la bête au Roi. Celui-ci s'empressa d'offrir une somme énorme mais l'homme refusa de vendre. Il pensait :
        ” Si le Roi lui-même montre tellement d'intérêt, je dois avoir là un cheval si rare et si merveilleux qui vaut plus que tout l'or entassé dans les coffres du monarque ! “
        L'homme refusa donc de vendre l'animal au Roi.
        Il décida d'aller abreuver sa bête. Mais celle-ci se jeta d'un bond dans l'abreuvoir et disparut. L'homme poussa des hauts cris qui ameutèrent les passants. On lui demanda pourquoi il criait comme cela. Il répondit que son cheval avait sauté dans l'abreuvoir. Des dizaines de mains le saisirent et se mirent à le secouer. Tous l'invectivaient :
        ” Espèce de fou ! Comment veux-tu que ton cheval disparaisse dans une cuve aussi étroite que cet abreuvoir ?! Il n'y a pas de cheval ici, il n'y en a jamais eu, et toi, ru ameutes tout le monde pour rien avec tes hurlements ! “
        L'homme continuait de brailler et on le battit jusqu'au sang. Finalement, la foule se dispersa et lui aussi, se résolut à partir. Soudain, son cheval sortit la tête de l'abreuvoir. L'homme poussa de grands cris et tout le monde accourut à son appel. Cependant, l'animal avait encore disparu et l'on ne vit ni cheval ni queue de cheval. Et à nouveau, notre homme fut battu jusqu'au sang.
        La scène se reproduisit ainsi plusieurs fois. Le pauvre diable se demandait s'il n'était pas le jouet d'une illusion et il sentait la raison l'abandonner. A vrai dire, toute l'histoire du cheval semblait réellement le pur fruit de son imagination.
        L'imagination, c'est le mauvais penchant, c'est le diable, c'est le mensonge. Ainsi agit le mal : il trompe l'esprit en lui montrant des choses qui relèvent du néant et du mensonge et on se laisse entraîner à croire à des choses incohérentes qui ont pour origine le mal et l'imagination. L'homme se laisse à chaque fois séduire par l'idée qu'il obtiendra davantage et qu'il pourra assouvir ses désirs. Et les objets de ses passions s'enfuient devant lui, s''évanouissent et disparaissent dans le lointain. Il arrive aussi que ces fantasmes disparaissent momentanément, quand on tente de s'en débarrasser, puis ils montrent le bout de leur nez et reviennent, pareil à ce cheval qui existait dans la réalité ou peut-être dans le rêve, le rêve du cheval, le rêve de l'abreuvoir …  L'homme qui rêve a tendance à prendre le mensonge pour la réalité. Il se met à crier, on le fustige, on le blesse et il ne reste plus rien qu'une farce ridicule.
        Tel est notre monde : les passions nous clignent de l'œil, et nous leur courons après. Hélas, notre Maître n'expliqua pas davantage.

        La clé :
        Ce conte se suffit à lui-même. Le Rabbin Nahman en a donné lui-même l'explication.
         
        2.    Le brigand

        Il était une fois un brigand qui s'en prit à un homme qui marchait seul dans la campagne. Il lui demanda :
        ” Tu as de l'argent ?
        L'autre répondit :
        ” Certes, et je suis prêt à te donner tout mon argent, pour peu que tu me laisses la vie ! “
        Le brigand dépouilla le voyageur de tout son avoir. Sa victime déclara :
        ” Si fait, tu m'as pris toute ma fortune et tu ne m'as pas laissé le moindre sou. Que vais-je devenir ? Comment pourrais-je rentrer chez moi démuni de tout ? Cela fait des mois et des mois que j'erre ainsi pour amasser un peu de bien afin de nourrir ma famille. Et que leur dirai-je, maintenant que ma bourse a disparu ? Comment pourrai-je, les mains vides, soutenir le regard des miens ? Je te demande un service. Prends ton fusil et tire sur mon chapeau, que je pose ici, par terre. Ainsi, il sera évident qu'un brigand m'a attaqué et m'a dépouillé de tout mon maigre bien. Il importe que mes proches ne m'accusent pas de revenir les mains vides, comme un paresseux indifférent à leur bien-être. “

        Le brigand accéda à sa requête et tira sur le chapeau de sa victime. Ce dernier poursuivit :
        ” Mon bon maître, si tu as fait preuve de tant de générosité en tirant sur mon chapeau, aurais-tu, je t'en supplie, la bonté  de faire feu aussi sur mon soulier que j'ai déposé par terre, lui aussi ? Ainsi, les miens constateront que j'ai été volé, comme en témoigneront mon chapeau et ma chaussure, suivant les versets : ” Deux valent mieux qu'un. ” et ” Le jugement sera rendu selon deux témoins”. Il sera alors évident que je n'ai pas agi avec paresse et légèreté en revenant chez moi démuni de tout et que j'ai été bel et bien agressé. “
        Le brigand condescendit à nouveau à la demande de sa victime qui le supplia d'avoir pitié de lui une dernière fois. Il ôta vivement son manteau et l'étala sur le sol,  expliquant qu'il n'aurait même plus besoin d'ouvrir la bouche pour se justifier auprès des siens de la perte de sa bourse. Son manteau, son soulier et son chapeau témoigneraient pour lui mieux que des paroles. Car ce que les mots pouvaient exprimer, la vue de tous ces vêtements percés par les balles le dirait encore mieux.
        ” Ferme-la “, hurla le brigand, perdant patience. Je vais faire encore ça pour toi, mais, par pitié, tais-toi ! “

        Il visa de son fusil le manteau et pressa la détente deux ou trois fois. Aucune détonation ne retentit. L'homme dépossédé remarqua :
        ” Apparemment, il n'y a plus de poudre là-dedans. “
        Le brigand, fort embarrassé, ne savait que répondre. Mais l'autre lui sauta à la gorge et se mit à le secouer de toutes ses forces, l'obligeant finalement à lui rendre sa bourse.

        Celui que son Créateur a pourvu d'une cervelle dans son crâne comprendra comment le mauvais penchant tente de le circonvenir : il le dépouille de sa valeur et de ses bonnes actions et l'induit dans le doute et l'hérésie, Dieu nous garde ! Or c'est là la bourse qui renferme tous nos efforts et nous permet de retourner finalement à notre source et de comparaître au jugement suprême. Quant à lui, le mauvais penchant, il tâche de nous dépouiller. Mais malgré ses attaques, l'esprit se rebelle et lui demande : “Explique-moi pour quelle raison je dois renoncer à l'honnêteté ? Tire sur moi toutes tes flèches ! ” Et quand il ne reste plus de flèches dans le carquois,  l'esprit du bien reprend son bien et réfute tous les doutes et les objections du mauvais penchant. Il ne faut jamais désespérer car enfin, ce mauvais penchant n'est jamais qu'un vieux roi stupide, comme dit l'Ecclésiaste, et il n'a pas tellement de flèches dans son carquois.

        3.    La main du Roi
        Note : l'expression biblique “selon la main du Roi” signifie “avec générosité”, “avec largesse”.

        Il était une fois un prince qui dut s'éloigner du palais paternel et se languissait beaucoup de son père. Un jour, il reçut de celui-ci une lettre qui le réjouit énormément et qu'il ne se lassait de retourner dans sa main. Et plus il touchait à la lettre, plus il avait de nostalgie pour son père. Sa tristesse allait croissant et il se complaignait :
        ” Oh ! puissé-je toucher une fois, effleurer un moment la main de mon cher père !  Ah ! Si mon père me tendait la main une seconde, comme autrefois ! Alors, je l'embrasserais, cette main, doigt après doigt ! Je l'embrasserais des baisers de ma bouche, tant je me languis de mon père, mon maître et ma lumière ! Ah ! mon père plein de miséricorde ! Si je pouvais toucher au moins son petit doigt ! “
        Comme il se plaignait ainsi, plein de nostalgie et de souvenir du contact de cette main, une idée soudaine lui vint à l'esprit :
        ” J'ai là une lettre de mon père, l'écriture même de la main de mon père ! Un texte écrit de la main du Roi ne symbolise-t-il pas la main du Roi ? “
        Et immédiatement, du cœur du prince jaillit un éclat de joie et il s'écria :
        ” selon la main du Roi, telle la main du Roi. “
        Comme disent les Psaumes : ” Quand je regarde les cieux, l'œuvre de tes doigts !!! “

        La Clé :
        Le Prince, c'est le peuple d'Israël qui reçut la parole divine sur le Mont Sinaï, écrite du doigt de Dieu sur les Tables de la Loi. Dans son exil, le peuple juif se souvient toujours de la Révélation et en tire le souffle de vie.

        4. Les deux Peintres

        Il était une fois un roi qui construisit un palais magnifique. Il ordonna à deux de ses serviteurs d'orner de peintures les murs du grand salon. Il fixa un terme aux travaux et répartit le labeur de façon égale entre eux. Le premier alla apprendre l'art du dessin et se mit rapidement au travail. Il ne ménagea pas ses efforts pour décorer le mur dont il était responsable. Il l'orna de toutes sortes de bêtes et d'oiseaux magnifiques. Pour sa part, son compagnon ne montra aucun empressement au labeur. Il n'apprit pas l'art du dessin et se tourna les pouces d'un air de profonde indifférence. Le terme fixé par le Roi arriva et le fainéant se demanda comment sortir de cette mauvaise passe. Il n'avait guère qu'une petite heure devant lui avant que le Roi ne paraisse. Il commença à s'inquiéter et l'angoisse le saisit. Que faire … Soudain, il eut une idée. Il se procura une pâte lisse et brillante comme de l'argent et l'étala sur son mur. Les peintures du mur de son camarade se reflétèrent maintenant dans le sien. Il recouvrit ensuite son miroir improvisé d'un lourd rideau. Le Roi arriva et souleva le rideau. Le soleil qui baignait le salon  renvoya l'image des dessins magnifiques qui se reflétaient dans le miroir. En d'autres termes, toute la grâce et la splendeur des originaux se retrouvaient parfaitement sur le mur de l'oisif. De plus, tous les objets disposés dans la salle se reflétaient également dans la grande glace. Le Roi regardait et fut satisfait.

        Il y a une autre fin à l'histoire :
        Le Roi posa un tas de pièces d'or au pied des merveilleux originaux, disant à l'artiste : “Voici ton salaire ! “
        Puis, il montra l'image l'or dans le miroir et dit à l'autre : ” Et voici le tien ! “

        La Clé :
        Les hommes n'ont pas tous les mêmes capacités. Certains parviennent à servir leur Créateur sans la moindre anicroche. Mais d'autres n'ont pas leurs qualités et se contentent de les imiter. Il se peut que la miséricorde divine se pose aussi sur eux. Et peut-être pas …

        5    . Le Sage et le Ministre

        Il était une fois un roi qui avait deux fils, l'un sage et l'autre stupide. Il nomma le deuxième Ministre des Finances. Au premier, il n'accorda aucune nomination spéciale et l'installa seul dans l'un de ses palais. Les vassaux se demandaient :
        ” Quelle drôle d'idée a donc eue le Roi en remettant les finances aux mains de cet imbécile chez qui tout le monde vient présenter ses doléances et ses requêtes ?  Et pourquoi n'a-t-il rien confié à la responsabilité du sage et ne l'a-t-il pas nommé ministre ?
        Le Roi eut vent de ces propos et déclara :
        ” Quelle drôle de question que celle-là ? Quel mérite y a-t-il à prélever de l'argent tout prêt dans le Trésor et à le faire passer à ceux qui en ont besoin ? Quant à mon fils le plus sage, il ne touche à rien de palpable. Au contraire, il passe ses journées enfermé dans sa chambre à réfléchir sur les moyens d'augmenter ma fortune. Grâce à ses conseils judicieux, je m'emploie à conquérir des Etats qui m'apportent de nouvelles sources de richesse. C'est l'origine de la fortune que mon fils borné redistribue aux autres. Le sage a l'avantage de n'occuper aucun poste officiel. Cela lui permet de canaliser vers nous le flux de l'opulence. “

        Le Rabbin Nahman livra lui-même la clé :
        ” De là, vous conclurez que les vrais Justes ne sont pas ceux qui font des prodiges.


        6. La Pierre et le Cœur

        Il était une fois un Roi qui envoya son fils apprendre les lois de la sagesse. Le Prince revint plein de la meilleure éducation. Un jour, le Roi ordonna à son fils de prendre une énorme meule et de la porter sur le toit du palais.  La pierre étant beaucoup trop lourde, le Prince se désolait, tant il se sentait incapable d'honorer la volonté paternelle. Le Roi lui dit :
        ” Tu penses vraiment que je peux t'ordonner de relever une pierre pareille et de la porter sur le toit ?! Je voulais juste que tu prennes une masse et que tu casses la pierre de façon à pouvoir l'emporter morceau par morceau ! “
        Le Rabbin Nahman expliqua son conte :
        ” Là encore, le sens est bien simple : Dieu nous ordonne de relever notre âme et notre cœur vers le Ciel. Mais notre cœur est de pierre. Et cette pierre pèse trop lourd pour que nous puissions la lever au Ciel.  Alors, il nous faut briser ce cœur de pierre et le porter morceau par morceau. Seul un cœur brisé peut s'élever.

        7. Le Mendiant roi

        Il était une fois un pays dont les mœurs sortaient de l'ordinaire. Tous les trois ans, on nommait un roi d'une étrange façon : les citoyens sortaient dans la campagne et couronnaient le premier individu rencontré sur leur chemin, fût-il aveugle ou bossu. Un jour, comme ils sortaient de la ville, ils tombèrent sur un mendiant ivre-mort. Ils l'entraînèrent vers le palais royal avec les plus grands honneurs, lui ôtèrent ses haillons et le revêtirent des habits du Roi, une couronne sur la tête. Et lui, tout dans son ivresse, continuait à dormir. Quand il s'éveilla, il s'étonna de se voir ainsi vêtu dans le palais du Roi, avec des musiciens jouant autour de lui. Il se demanda s'il ne rêvait pas car il se souvenait qu'il traînait dans la fange. Il se pinça de façon à juger de sa lucidité et constata qu'il ne s'agissait pas là d'un songe. Alors il finit par se convaincre qu'il était réellement le roi et que son état de mendiant relevait du rêve. Cependant, il se souvint de s'être querellé avec un autre mendiant dont les coups lui avaient laissé des blessures. Voyant la plaie, il comprit que ses deux conditions appartenaient à la réalité et il sombra dans la plus grande confusion. Il décida de se rendre à la bibliothèque du palais et de consulter les livres de façon à comprendre la véritable nature de sa situation. Ayant pris les livres en main, il n'y comprit rien. Après réflexion, il murmura :
        ” La vérité, c'est que je suis roi. Et si je ne comprends rien aux livres, personne d'autre n'y comprend rien non plus, et tous ces livres ne sont là que pour le décor. “

        Le Rabbin Nahman donna la clé du conte : les célébrités couronnées par le mensonge remarquent qu'on leur fait les plus grands honneurs. Ces personnages n'en comprennent pas la raison et se demandent si ces marques de respect leur reviennent de droit ou non. Quand ils pensent que ces honneurs leur sont dus, ils se demandent pourquoi ils ne comprennent rien à rien. Ils se prennent alors pour les justes entre les justes et concluent que les justes ne comprennent jamais rien à rien et, en cela, ils déprécient la confiance due aux sages.


        8. Le Roi sous la pluie

        Il était une fois un roi,  parti pour la chasse, vêtu avec simplicité et accompagné de tous ses ministres. Le ciel se couvrit soudain de lourds nuages et une pluie battante tomba sur eux. Les ministres se dispersèrent, courant chacun de son côté pour trouver un abri. Le Roi, demeuré seul dans la tourmente, se mit à courir à son tour et parvint à une humble chaumière. Le paysan, qui ne reconnut pas le Roi, eut pitié de cet homme trempé jusqu'aux os. Il lui ôta ses habits et lui offrit des vêtements secs. Puis, il lui offrit un repas frugal et l'invita à se coucher derrière le poêle qu'on avait allumé pour le réchauffer. Le Roi, mort de fatigue et frigorifié, s'endormit sur le champ et dormit du meilleur sommeil de toute sa vie.
        Après l'orage, les ministres se rassemblèrent et se mirent à la recherche de leur roi. Ils le retrouvèrent chez le paysan et lui proposèrent de le raccompagner à son palais. Le monarque, plein de ressentiment contre eux, les renvoya :
        ” Vous n'êtes pas dignes de me reconduire au palais. Chacun de vous a pris la fuite sous la pluie et vous m'avez tous abandonné. Seul cet homme simple  m'a donné l'hospitalité, m'a habillé et nourri et m'a offert un lit. C'est lui qui me raccompagnera au palais dans sa carriole, il montera avec moi sur le trône et je le nomme désormais vice-roi.

        Le Rabbin Nahman livra la clé de son conte :
        Dans les temps à venir, à l'approche du Messie, le monde sera inondé d'une pluie d'idées perverses et d'hérésie. L'élite n'échappera pas au déluge spirituel qui frappera l'humanité. Même sur la Terre d'Israël, qui sera moins ravagée par la tempête, les dirigeants souffriront de ces idées malsaines provenant de ces pays de déluge. Les plus grands sages ne pourront résister au déferlement et les champions de la vertu s'enfuiront à toutes jambes. Les eaux de désolation emporteront les cœurs les plus purs et la citadelle spirituelle d'Israël menacera de s'écrouler. Mais elle trouvera son secours chez les gens du peuple, ceux qui lisent les Psaumes, ceux chez lesquels viendra résider le Roi du Monde, ceux qui accompagneront le Messie.

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