RETBI, Shmuel – Le Loup, le renard et les trois petits lapins (Suite)

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        Le loup, le renard et les trois petits lapins (suite)

        Shmuel Retbi

         

        Histoire inachevée à expliquer aux tout petits

         

        Les mois passèrent. Dans le bois de Poutchou, les trois lapins vivaient heureux et insouciants. Au zoo de Villevoisine, le loup s'habituait à sa nouvelle position de superstar de province. Devenu végétarien malgré lui, il ne pensait plus à chasser les gentilles petites bestioles qui couraient à quatre pattes dans les fourrés du bois. Souvent, il songeait avec nostalgie à Boumboum, Bibi et Bobo, qu'il appelait désormais ” mes amis lapins “. De leur côté, les trois frères se demandaient s'ils n'auraient jamais l'occasion de revoir leur ancien ennemi. Or cette occasion arriva, et plus tôt qu'ils ne l'attendaient.

         

        Après la capture du grand méchant loup, Boumboum avait été nommé chef de la communauté des habitants du bois de Poutchou. Tous les animaux, du plus petit des blaireaux jusqu'au plus grand des cerfs, venaient prendre conseil chez le sage et révéré lapin. Grâce à son habileté et à sa diligence, le bois était devenu un véritable Paradis sur terre. On y avait creusé des tunnels pour les taupes. On avait tracé des sentiers pour les biches et leurs faons. Enfin, on avait élagué les arbres vénérables pour permettre à la gent plumée d'y construire ses nids et d'élever ses oisillons entre les repousses naissantes.

         

        Un jour où tout respirait le calme, la paix et la joie de vivre dans le bois de Poutchou, une mésange en promenade remarqua la présence d'un hôte inattendu aux abords de la forêt. Ce dernier se nommait Goupil et on le connaissait dans toute la région comme le plus grand chasseur de poules, de canards et de lapins de tout le département. La mésange, qui connaissait les qualités de discernement et le génie politique de Boumboum, s'empressa de lui faire part de l'arrivée du nouveau venu dans la région. Le maître lapin se montra fort inquiet de la découverte de la mésange. Il convoqua une assemblée générale immédiate et tous les hôtes de ce bois se réunirent dans une clairière aménagée à cet effet. Tout le monde arriva, sauf Goupil, le renard, qui ne fut pas mis dans le secret. Boumboum expliqua le danger que représentait cet intrus pour la communauté. On débattit longuement sur la question de savoir s'il fallait tenter de faire quelque chose, et, si oui, quoi. On pouvait distinguer deux groupes très nets dont les opinions divergeaient totalement. En gros, c'était le cas de le dire, les bêtes plus grosses que le renard ne voyaient pas l'urgence d'agir et ne comprenaient pas pourquoi on cherchait la petite bête. Cette dernière catégorie, les petits, se montraient beaucoup plus pressants et exigeaient une solution immédiate. Boumboum leva la séance après avoir décidé la création d'un comité de salut public qui veillerait au grain. Les animaux les moins perspicaces ne comprirent pas de quel grain on parlait, leur pitance quotidienne étant assurée par les bons soins du Ministère de Boumboum. Ce dernier ne perdit pas de temps. Il nomma un cabinet restreint qui s'occuperait de l'opération “Zéro Renard”, comme il appela judicieusement son plan d'action. Le cabinet de guerre comprenait, outre Boumboum lui-même, le grand cerf Damien, connu pour sa sagesse légendaire, la mésange Solange, espionne et observatrice incomparable, et les deux frères du Président, Bibi et Bobo. La vipère, qui avait toujours quelque chose de désagréable à dire, trouva que la nomination de membres de la famille du Chef sentait un peu la corruption et le népotisme (voir ces mots dans le dictionnaire). Les autres estimèrent qu'il n'y avait rien là que de très normal et que les lapins constituaient un groupe représentatif indivisible auquel il fallait accorder une confiance absolue. Finalement, même la vipère accepta d'assister les lapins dans leur effort, si l'occasion s'en présentait. Fort heureusement, la dite occasion ne se présenta pas et le serpent resta bien tranquille dans son coin jusqu'à la fin du présent épisode de l'histoire.

         

        Le comité de salut public proposa trois solutions :

        Un : attraper le renard, le tuer et le manger

        Deux : Attraper le renard et l'envoyer au zoo

        Trois : Donner au renard une leçon dont il se souviendrait

        Quatre : Obtenir l'assistance d'un protecteur sûr et efficace

         

        Le cerf Damien fit remarquer qu'à sa connaissance, on avait là un petit problème de calcul qui pouvait prêter à confusion. Après vérification, le nombre des propositions se stabilisa à cinq, une option virtuelle pouvant trouver sa place dans l'avenir.

         

        La solution numéro un fut repoussée avec horreur. Comment ? Manger le renard ?! Même le grand méchant loup lui-même, en chair et en os, on avait préféré ne pas y toucher ! A plus forte raison, ce brigand de Goupil !

        La solution numéro deux trouva plus d'adhérents mais on l'écarta comme impraticable, et ce pour une raison d'ordre logique : pour envoyer le renard au zoo, il fallait d'abord le prendre. Or, cela constituait une gageure  peu commode.

        Le numéro trois plut à un certain nombre mais, là encore, où trouverait-on un maître capable de donner la fameuse leçon à Goupil ? Boumboum lui-même, malgré son imagination débordante et son intelligence hors du commun, s'avoua impuissant en ce domaine.

         

        Restait la solution numéro quatre, qui fut adoptée à l'u-na-ni-mité, c’est-à-dire tout le monde d'accord. La mésange proposa de s'adresser aux chasseurs, qui, dans le fond, étaient de braves gens, comme le prétend le premier épisode de cette aventure. L'idée fut repoussée d'emblée. On ne pouvait pas faire confiance à des gens qui faisaient concurrence au renard dans l'exercice de leurs fonctions. De plus, ces humains risquaient de tuer Goupil et de le manger, une solution qui avait été rejetée avec horreur. A défaut, il se pouvait que les chasseurs envoient le renard au zoo, éventualité qui, elle aussi, avait été refusée. Comme il y avait peu de chances que les habitants de la cabane n'expulsent le bandit hors du bois de Poutchou, on se résolut à abandonner totalement la formule “chasseurs” sous toutes ses formes.

         

        Boumboum décida que le comité devait travailler scientifiquement. Tour à tour, chacun des membres lançait une idée encore plus farfelue que les autres. On en discutait les probabilités et on décidait de l'adopter ou non. L'un proposait de peindre le renard en blanc dans l'espoir qu'il se prendrait pour un mouton et deviendrait doux comme un agneau. L'autre préconisa de parler l'anglais de façon à ce que Goupil ne comprenne rien et aille chercher son bonheur ailleurs. Bobo, sur qui la littérature de Bibi sur le tronc d'arbre, avait fait le plus profond effet, proposa de pendre un peu partout des écriteaux sur lesquels on pourrait lire : ” Le bois de Poutchou est fermé jusqu'à nouvel ordre pour cause de rénovation”. Mais on en revenait toujours à la même question : où trouver un gardien habile et efficace ?

         

        Finalement, Bibi eut un trait de génie :

         

        ” Et si on s'adressait au grand méchant loup ? “

         

        Après un moment d'ahurissement total, Boumboum sauta de joie. Comment n'avait-il pas pensé à ça lui-même ? La solution se trouvait sur le bout de ses deux dents de devant, sur le bout de ses deux oreilles dressées, sur le bout de son bout de queue. Excellente idée, en vérité ! Le Grand Méchant Loup avait trois cartes d'atout à son avantage :

        Il était grand. Il savait se montrer méchant de temps en temps. Il répondait exactement à l'idée qu'on se faisait généralement d'un loup. Enfin, on pouvait le considérer comme un ami fidèle et sûr. Le cerf Damien allait faire remarquer qu'il y avait là encore un petit problème de calcul mais Boumboum lui ferma le bec d'un vigoureux coup de marteau sur le tronc qui servait de table ronde. Le plan, dont personne ne comprenait encore les détails, fut adopté  haut la patte.

         

        La première phase du projet s'établit rapidement. Il fallait procéder comme suit :

        D'abord, entrer au zoo et atteindre la cage du loup sans se faire trop remarquer.

        Ensuite, parlementer avec le GML, nom de code de l'ancien ennemi.

        Après quoi, se débarrasser du renard Goupil, RG, selon le sobriquet secret que lui accorda le comité de salut public.

        Enfin, reprendre la bonne vie de tous les jours et le train-train quotidien.

         

        Après des délibérations qui se prolongèrent jusqu'au matin, le Président Boumboum et la mésange Solange se chargèrent de l'exécution de ce plan audacieux.

         

        L'oiselle opéra quelques vols de reconnaissance au dessus du zoo et exposa à Boumboum les détails de la disposition des diverses cages. Il fut convenu que Boumboum entrerait secrètement dans le jardin quelques minutes avant la fermeture des grilles et que Solange irait le rejoindre par la voie des airs. Le rendez-vous fut fixé à neuf heures du soir à côté de la fosse aux lions. Ces derniers dinant vers huit heures, on n'avait pas à craindre un regain d'appétit avant le matin suivant.

         

        L'obscurité et le silence enveloppaient maintenant le parc. On n'entendait que le ronflement de l'hippopotame et de l'éléphant. Mais comme tout le monde en avait l'habitude, ce bruit sourd ne dérangeait pas le sommeil des autres. La mésange atterrit à deux pas du lapin. Ils échangèrent le mot de passe convenu. Nous ne pouvons malheureusement pas le divulguer ici, de crainte de trahir un secret solidement gardé. Les deux espions se dirigèrent à pas légers vers la cage du loup. Celui-ci avait l'oreille fine et le sommeil léger. Il ouvrit un œil et s'écria : ” Je n'en crois pas mes yeux ! ” Ce disant, il ouvrit aussi le second de façon à s'assurer lui-même de sa propre surprise :

         

        ” Boumboum ici ? Chez moi ! Incroyable ! Cher Boumboum, mon cher Boumboum ! “

         

        Boumboum sentit l'émotion le gagner et ses paupières se mouiller de larmes. Solange le regardait avec étonnement. Le lapin commença :

         

        ” Mon ami, mon cher ami ! Ah que vous nous manquez ! Le bois de  Poutchou sans vous, c'est un bosquet minable, que dis-je ? Une jardinière pitoyable,  un  pot  de  fleurs  lamentable ! “

         

        Le loup, tout ému, renifla deux ou trois fois se passa la patte sur le mufle d'un air contrit, et déclara :

         

        ” Ah ! Que ne donnerais-je pas pour y revenir ? “

         

        Le sage lapin  sauta sur l'occasion comme on saute sur une carotte tombée d'une charrette :

         

        ” Mais cela ne tient qu'à vous, mon cher ami, mon bon ami ! “

         

        En quelques phrases bien senties, Boumboum expliqua au loup la menace qui pesait sur les paisibles habitants de la forêt et demanda humblement au grand loup de leur accorder sa protection. Le loup hésitait :

         

        ” Pour tout vous dire, mon cher Boumboum, vous me posez là un problème douloureux. J'aimerais beaucoup vous aider. Je ferais, bien sûr, tout ce qui est en mon pouvoir pour que ce renard de Goupil, je veux dire, ce Goupil de renard, débarrasse le plancher, je veux dire, débarrasse les taillis. Mais il y a pas mal de difficultés qui me semblent insurmontables. “

         

        Le grand loup leva le nez pour indiquer qu'il réfléchissait. Au bout d'une demi-minute, il poursuivit en ces termes :

         

        ” Comprenez-vous, mon très cher ami ? Mercredi et dimanche, nous donnons trois représentations du conte “Le Petit Chaperon Rouge” en première mondiale, seconde mondiale et troisième mondiale. Samedi soir, nous avons un concours de saut à la corde et la moitié du personnel du zoo a misé sur moi. Je ne voudrais pas les décevoir, vous voyez ? Lundi après-midi, je donne un cours de hurlement artistique à un couple de chouettes de Sibérie.  Ah ! J'oubliais ! Mardi, je joue avec un mouton du Tibet dans une pièce.  Apocalyptique basée sur une Prophétie d'Isaïe. De plus, je prépare ma plaidoirie en vue d'un procès en diffamation que je vais intenter contre un dénommé de La Fontaine. Donc, à mon grand regret, je n'ai pas tellement le temps. “

         

        Boumboum avait suivi ce discours avec le plus grand intérêt. Il répliqua :

         

        ” Vous avez quand même jeudi et vendredi de libres. C'est bien plus qu'il n'en faut. “

         

        L'argument était de poids et le loup ne sut que répondre.

         

        Boumboum se fit de plus en plus pressant :

         

        ” Vous disiez tout à l'heure que vous regrettez beaucoup la vie dans le bois de Poutchou. J'ai le moyen de vous rendre la liberté et de vous nommer Ministre de la Défense dans mon gouvernement. “

         

        La proposition ne manquait pas d'intérêt. Le loup hésitait. Il demanda, soudain inquiet :

         

        ” Mais comment pourrais-je sortir d'ici ? Et comment pourrais-je trouver dans la forêt le confort et la sécurité que j'ai ici, entre ces barres de fer ? “

         

        Le lapin joua la désinvolture :

         

        ” Oh, mais il n'ya pas là l'ombre du moindre problème ! Je me charge de vous faire évader et je vous nomme Ministre. Vous avez déjà vu un Ministre en cage, vous ? Non, n'est-ce pas, c'est absurde ! “

         

        L'argument était inattaquable. Le loup céda :

         

        ” Soit, j'accepte. Que voulez-vous de moi ?

        • C'est bien simple. Je vous tire d'ici et vous vous occupez du renard. “

        • Et la charge de Ministre ?

        • Chose promise, chose due. En tant que membre du gouvernement, vous aurez droit à une double ration de carottes, de choux, de betteraves et de courgettes. Une fois par semaine, vous recevrez en plus un kilo de fraises des bois. “

        • Affaire conclue ! Maintenant, sortez-moi de là et en avant, taïaut sur le Goupil ! “

         

        Boumboum consulta la montre en or qu'il tenait de son amie Alice et affirma :

         

        ” Il est neuf heures et vingt-et-une minutes. A deux heures exactement, votre évasion aura lieu, foi de Boumboum. “

         

        Boumboum et Solange agirent conformément au plan secret. La courageuse mésange pénétra par la fenêtre de l'entrepôt de nourriture du zoo et en sortit six bananes. Cela nécessita l'exécution de trois vols qualifiés. Pendant ce temps, Boumboum réveillait Ouistiti, le chimpanzé, et lui faisait la proposition suivante :

         

        ” Deux bananes si tu ouvres la cage du loup et deux autres si tu la refermes à six heures, avant la ronde du personnel humain. Et encore deux autres, si tu nous ouvres maintenant la grille d'entrée ! “

         

        Deux bananes et deux bananes, cela faisait en tout quatre bananes. Quatre bananes et encore deux bananes, ça faisait beaucoup de bananes. Beaucoup de bananes pour trois tours de clé, ça collait. Le chimpanzé, qui avait beaucoup de savoir-faire et d'habileté, passa la main entre les barreaux de sa cage et souleva le loquet qui en ouvrait la porte. Il sortit sur la pointe des mains arrière et suivit le lapin jusqu'à la cage du loup. Après avoir minutieusement étudié la serrure, il prit une profonde inspiration et souleva la barre qui tenait la porte close.  Le loup se leva et s'apprêta à sortir. Ouistiti l'arrêta :

         

        ” Une seconde ! Et mes bananes ? “

         

        La mésange Solange arrivait à tire d'aile. Elle laissa tomber deux bananes aux pieds du singe. Ce dernier s'en empara d'un bond et s'enfuit dans les ténèbres tout en annonçant :

         

        ” Je cours ouvrir la grille. A tout à l'heure, six heures tapant ! “

         

        Boumboum et GML prirent leur course. Le loup demanda :

         

        ” Où courons-nous, comme ça ?

        • A la lisière du bois. J'ai donné un rendez-vous secret à Goupil et il m'attendra d'ici une heure. “

        •  

        Les deux amis arrivèrent à l'orée du bois, couverts par la mésange qui voltigeait en  étudiant le terrain d'un œil attentif. Boumboum se dressa sur ses petites pattes de derrière et exposa son plan à l'oreille du grand loup. Hélas, nous n'avons pas pu entendre ce qui se dit alors, et c'est bien dommage. Mais cela aura toujours l'avantage de nous laisser en haleine jusqu'au dénouement de cet épisode. Le loup ne cacha pas son enthousiasme :

         

        ” Quelle imagination, Monsieur le Président ! Décidément, vous êtes le phénix des autres, dans ce bois. ”

         

        Boumboum se gratta l'oreille. Quelque chose l'avait un peu troublé, dans le discours de GML, mais rassurez-vous, rien de grave.

         

        Solange suivit à la lettre les instructions du chef de la conjuration. Elle s'éloigna vivement vers une destination inconnue. Goupil arriva, exact au rendez-vous de Boumboum. En passant, il avait remarqué que Damien, le grand cerf, s'amusait à casser des branches de pin, mais il n'avait pas attaché d'importance à ce comportement bizarre. La présence du loup l'inquiéta davantage :

         

        ” Vous avez demandé à me parler en secret. Mais je vois que celui-ci, le secret, je veux dire, a été mal gardé puisque celui-là, le loup, je veux dire est dedans, dans le secret, je veux dire. “

         

        Boumboum avait un peu de mal à suivre les propos du renard. Il mit tout ce verbiage sur le compte de l'hypocrisie proverbiale de l'ennemi public. A son tour, il usa de ruse. Il fit signe au loup de se tenir prêt à l'action et dit au renard :

         

        ” Voici la chose dont je désire vous entretenir. Regardez là-haut… “

         

        Comme le renard levait le nez, le lapin fit un signe discret au loup qui se jeta sur Goupil et l'attrapa par la queue. Puis, se redressant de toute sa hauteur, il maintint sa proie suspendue entre ciel et terre. Boumboum émit un petit sifflement et une multitude d'oiseaux tombèrent sur le loup et le renard. En moins de deux minutes, les volatiles dépouillèrent les deux quadrupèdes de leur toison. A un second coup de sifflet de Boumboum, le cerf Damien accourut, portant entre ses bois des bouts de branche de pin fraichement cassés. Boumboum et ses deux frères, Bibi et Bobo, arrivés à la rescousse, s'emparèrent des fagots pleins de résine. Ils en badigeonnèrent le corps déplumé du renard puis collèrent rapidement dessus les poils du loup. Lorsque l'opération fut terminée, RG, Goupil le renard, ressemblait comme deux gouttes d'eau à GML, mais en plus petit.

         

        Tous les habitants du bois de Poutchou, mis dans la confidence, accoururent pour voir le prodige et battirent des pattes avec exaltation et enthousiasme. Mais l'opération Zéro Renard n'avait pas touché à son terme. Sur un nouveau signe de Boumboum, GLM se mit en marche tenant toujours le renard par la queue. On se dirigea vivement vers Villevoisine.  A six heures moins dix, la petite troupe passait par la grille ouverte du zoo municipal. Quand on stationna près de la cage du loup, ce dernier balança le renard de gauche et de droite et le projeta au fond de la cage dont Boumboum referma la porte. Ouistiti arriva juste à temps pour refermer le loquet. Le renard, qui revenait à peine de sa stupéfaction,  enrageait :

         

        ” Vous n'avez pas le droit ! C'est illégal ! Je porterai plainte ! Il y a quand même une justice ! Bande de sales bêtes ! Herbivores ! “

         

        Le singe reçut les deux dernières bananes promises et effectua des calculs savants pour voir si le paiement s'avérait conforme au contrat.

         

        L'opération Zéro Renard avait complètement réussi. La vipère ne manqua pas de remarquer que, tout compte fait, la solution adoptée ressemblait à s'y méprendre à la possibilité numéro deux. Mais la satisfaction publique était trop forte pour que cette voix discordante trouvat quelque écho.

         

        Les jours passèrent. Fidèle à ses engagements, Boumboum avait nommé le grand loup Ministre de la Défense. Le grand animal effectuait quatre rondes par jour pour s'assurer que rien ne saurait menacer les paisibles habitants du bois de Poutchou. On l'autorisa à améliorer son ordinaire avec des framboises et des myrtilles, dont il ne fallait pas abuser, sous crainte d'une indigestion carabinée. Les hôtes de la forêt le saluaient toujours avec déférence, l'appelant soit Monsieur le Ministre, soit Monsieur GML. Boumboum expliqua à son vieil ami le sens de ces trois lettres :

         

        ” G, cela veut dire grand, M, cela signifie bon, et L, c'est le début de loup. En bref, GLM, grand bon loup. “

         

        Le loup se trouva fort satisfait de cette explication, qui corroborait en tous points sa bonne opinion de soi.

         

        Au zoo de Villevoisine, tout le monde se tenait les côtes de rire. Le renard, affublé des poils du grand méchant loup se produisait six fois par jour dans un monologue désopilant dans lequel il prétendait qu'il s'appelait Goupil et qu'on l'avait mis par erreur à un poste de loup. L'éléphant excita encore  l'hilarité générale quand il déclara :

         

        ” Que vouez-vous, mon vieux, c'est ce qui arrive quand on nomme un âne au poste de Directeur. ”

         

         

         

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