DESBORDES-VALMORE, Marceline – Poésies

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  • #146081
    Prof. TournesolProf. Tournesol
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      DESBORDES-VALMORE, Marceline – Poésies


      Je l’ai promis

      Tu me reprends ton amitié :
      Je n’ai donc plus rien dans le monde,
      Rien que ma tristesse profonde.
      N’en souffris-tu que la moitié,
      Toi, dans ta mobile amitié,
      Va ! Je plaindrai ta vie amère.
      Que Dieu pour l’amour de sa mère,
      Ou pour moi, te prenne en pitié !

      On ne commande pas l’amour :
      Il n’obéit pas, il se donne ;
      Voilà pourquoi je te pardonne :
      Mais tu m’as tant aimée un jour
      Que j’en demeurai tout amour.
      Pour une autre as-tu fait de même ?
      Aime donc longtemps, si l’on t’aime :
      C’est mortel quand ce n’est qu’un jour.

      Et ma part de bonheur promis,
      Comme aux plus humbles de la terre,
      Bonheur qu’avec un saint mystère
      Entre tes mains j’avais remis,
      Dans l’abandon d’un coeur soumis ;
      Si j’en résigne le partage,
      C’est pour t’en laisser davantage :
      Rien pour moi, rien ! Je l’ai promis.

      #146082
      Prof. TournesolProf. Tournesol
      Participant

        L’amour

        Vous demandez si l’amour rend heureuse ;
        Il le promet, croyez-le, fût-ce un jour.
        Ah ! pour un jour d’existence amoureuse,
        Qui ne mourrait ? la vie est dans l’amour.

        Quand je vivais tendre et craintive amante,
        Avec ses feux je peignais ses douleurs :
        Sur son portrait j’ai versé tant de pleurs,
        Que cette image en paraît moins charmante.

        Si le sourire, éclair inattendu,
        Brille parfois au milieu de mes larmes,
        C’était l’amour ; c’était lui, mais sans armes ;
        C’était le ciel… qu’avec lui j’ai perdu.

        Sans lui, le coeur est un foyer sans flamme ;
        Il brûle tout, ce doux empoisonneur.
        J’ai dit bien vrai comme il déchire une âme :
        Demandez-donc s’il donne le bonheur !

        Vous le saurez : oui, quoi qu’il en puisse être,
        De gré, de force, amour sera le maître ;
        Et, dans sa fièvre alors lente à guérir,
        vous souffrirez, ou vous ferez souffrir.

        Dès qu’on l’a vu, son absence est affreuse ;
        Dès qu’il revient, on tremble nuit et jour ;
        Souvent enfin la mort est dans l’amour ;
        Et cependant… oui, l’amour rend heureuse !

        #146083
        Prof. TournesolProf. Tournesol
        Participant

          Dors-tu ?

          Et toi ! dors-tu quand la nuit est si belle,
          Quand l’eau me cherche et me fuit comme toi ;
          Quand je te donne un coeur longtemps rebelle ?
          Dors-tu, ma vie ! ou rêves-tu de moi ?

          Démêles-tu, dans ton âme confuse,
          Les doux secrets qui brûlent entre nous ?
          Ces longs secrets dont l’amour nous accuse,
          Viens-tu les rompre en songe à mes genoux ?

          As-tu livré ta voix tendre et hardie
          Aux fraîches voix qui font trembler les fleurs ?
          Non ! c’est du soir la vague mélodie ;
          Ton souffle encor n’a pas séché mes pleurs !

          Garde toujours ce douloureux empire
          Sur notre amour qui cherche à nous trahir :
          Mais garde aussi son mal dont je soupire ;
          Son mal est doux, bien qu’il fasse mourir !

          #142127
          Prof. TournesolProf. Tournesol
          Participant
            #146084
            Prof. TournesolProf. Tournesol
            Participant

              L’impossible

              Qui me rendra ces jours où la vie a des ailes
              Et vole, vole ainsi que l’alouette aux cieux,
              Lorsque tant de clarté passe devant ses yeux,
              Qu’elle tombe éblouie au fond des fleurs, de celles
              Qui parfument son nid, son âme, son sommeil,
              Et lustrent son plumage ardé par le soleil !

              Ciel ! un de ces fils d’or pour ourdir ma journée,
              Un débris de ce prisme aux brillantes couleurs !
              Au fond de ces beaux jours et de ces belles fleurs,
              Un rêve ! où je sois libre, enfant, à peine née,

              Quand l’amour de ma mère était mon avenir,
              Quand on ne mourait pas encor dans ma famille,
              Quand tout vivait pour moi, vaine petite fille !
              Quand vivre était le ciel, ou s’en ressouvenir,

              Quand j’aimais sans savoir ce que j’aimais, quand l’âme
              Me palpitait heureuse, et de quoi ? Je ne sais ;
              Quand toute la nature était parfum et flamme,
              Quand mes deux bras s’ouvraient devant ces jours… passés.

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