Christina Schwab : Brain storming [Validé]

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  • Ce sujet contient 2 réponses, 2 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par ChristinaChristina, le il y a 11 mois.
3 sujets de 1 à 3 (sur un total de 3)
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  • #335192
    ChristinaChristina
    Participant

      Bonjour,
      En ai-je trop fait de nouveau ? on dirait que mon mail avec les 18 liens de mes textes courts est passé à la trappe… je vais donc remettre les textes un à un (mais peut-être pas attendre quinze jours entre chaque demande 😉 je vous remercie tous et toutes du temps que vous prendrez pour vous arrêter quelques minutes et voter.
      Je vous souhaite un bon week-end de l’Ascension.
      Christina
      ps: il va de soi que tous mes textes se trouvent également sur Atramenta.

      Brain storming
      Dieu reposa sa tasse de thé et murmura dans un souffle : Jésus ?
      Celui-ci se matérialisa immédiatement devant lui.
      J : Tu m’as appelé Papa ?
      D : Oui, fils, viens discuter cinq minutes avec moi. Au fait, tu as vu ta mère récemment ?
      J : Non, je ne l’ai pas revue depuis Verdun, je pense qu’elle a dû rester pour aider un peu.
      D : Dommage, j’aurais eu bien besoin de ses conseils avisés une fois de plus.
      J : Je peux peut-être t’aider moi ?
      D : Oui, fils. J’aimerais faire un bilan de ces deux derniers millénaires et voir ce qu’on pourrait en tirer comme leçons. Mais on peut toujours commencer à deux et continuer avec ta mère quand elle sera rentrée. L’heure est trop grave pour que je me passe de la moitié de l’intelligence universelle afin de réfléchir à l’avenir de l’humanité.
      En même temps, ça me fait peine de voir tous ces petits humains s’agiter ainsi. Vu d’ici, ça semble tellement pathétique toute cette énergie qu’ils mettent en œuvre pour foncer dans les mûres. J’aimerais tellement pouvoir les accompagner mieux.
      J : Dans le mur on dit, Papa, pas dans les mûres. Je te comprends Papa, mais j’ai bien peur qu’il n’y ait rien de changé sous le soleil et je vois mal quelle direction prendre en l’état actuel des choses. Plus ça va, plus ça empire. Une fourmilière se débrouille bien mieux que ces individus que tu as eu l’idée de créer et qui n’ont pas su en prendre exemple.
      D : Oh là ! Je t’arrête tout de suite. D’abord, ce n’est pas l’humain que j’ai créé Moi, c’est la Vie. Que l’humain en soit issu, c’est une chose, qu’il soit devenu omnipotent c’en est une autre. Que plus tard il ait prétendu que je l’ai fait à mon image, c’est son affaire, mais au départ, j’ai tout fait sous Licence Creative Common moi, avec un partage à l’identique, sans commercialisation, et je n’ai jamais demandé à personne de faire évoluer les choses autrement, tu piges ?
      J : Bien sûr, mais bon, tu leur as envoyé moi tout de même ?
      D : Forcément, quand j’ai vu à quel point ils se fourvoyaient je me suis senti obligé de leur proposer une alternative. Tu étais censé leur apprendre à aimer leurs prochains comme eux-mêmes et on voit bien comment ça a tourné !
      J : Je crois surtout qu’ils n’ont pas vraiment supporté le coup du paradis terrestre. Ils n’ont pas apprécié que tu les fiches dehors et que tu les envoies bosser dans la douleur pour des cacahuètes.
      D : Et pourtant ! Je ne vois pas ce que j’aurais pu leur offrir de plus que leur libre arbitre ! Comment veux-tu prétendre aimer quelqu’un et ne pas lui laisser sa liberté et ta confiance ? Quand j’ai vu qu’ils s’en servaient aussi arbitrairement, si j’ose dire, j’ai bien essayé de leur envoyer Moïse et ses commandements, mais c’était déjà trop tard, les mauvaises habitudes étaient prises.
      J : Exact. Ils se sont vite découverts paresseux, et en plus d’inventer le système D, ils ont profité de ce que tu leur as dit de croître et de se multiplier pour fabriquer une société hiérarchisée, militarisée, et mettre au point des jeux de pouvoir et de manipulation.
      Tu leur as dit que tout travail mérite salaire et depuis ils râlent parce qu’ils s’estiment sous-payés. Tu leur as proposé les congés payés et voilà qu’ils laissent dormir leur fameuse société deux mois par an. Tu leur as demandé de respecter la parité et ils se sont mis à organiser des bordels pour les femmes comme pour les hommes. Et maintenant, ils se prostituent pour tout. Pour du fric, pour du boulot, pour des vacances. Même les enfants s’y sont mis.
      D : Pardon ?
      J : Oui. Ils sont devenus si nombreux qu’ils ont dû prendre des mesures drastiques pour prévenir l’explosion démographique. Ce qui est bien tombé finalement parce qu’ils étaient tellement taxés qu’ils n’avaient de toute façon, mâles ou femelles, plus le temps de s’occuper de leur progéniture, obligés qu’ils étaient de travailler quasiment jour et nuit. Alors, ils sont entrés en phase de dénatalité avec tout ce que cela engendre de frustrations au niveau de l’affect. Je viens de lire quelque part que pour compenser ça, ils sont allés jusqu’à mettre au point un système d’offres d’enfants, lesquels sont proposés à tous ceux qui souhaitent assouvir un besoin naturel affectif. On peut donc aujourd’hui louer un bébé, un petit enfant, un adolescent et, pour un temps prédéterminé, lui offrir le meilleur de soi-même. Amour, tendresse, gentillesse, bref, tout ce dont chacun est capable.
      D : Je suppose que ce n’est pas une solution à long terme non plus, il va de nouveau y avoir des abus et ça finira mal. L’amour sans amour, les fac-similés, la malhonnêteté, l’hypocrisie – regarde ce qu’ils ont fait des religions ! – tout cela est voué à l’échec un jour ou l’autre. Fichue nature humaine, que ne peut-on la changer ?
      J : Changer la nature humaine, tu veux rire ?
      D : Non bien sûr, je sais très bien qu’on ne peut rien y faire. Les utopies sont nombreuses pourtant, mais imposer une utopie c’est déjà un acte de dictature. Les humains se ressemblent tous. L’homme vit en meute, et la meute par définition est hiérarchisée. Elle a ses chefs et subséquemment ses combats de chefs. Ainsi, le membre de la meute vit dans un statut de domination soumission. Il est soumis à sa propre violence intrinsèque et pléonastiquement innée dont il se sert aussi lui-même pour chasser, se nourrir, survivre et se reproduire. Détourner sa nature profonde dans ce cas précis serait la pervertir.
      J : C’est vrai que pour les abeilles ou les fourmis, tu n’as pas eu ce problème. Contrairement à l’homme, qui peut changer aussi facilement de statut que de vêtement, les abeilles, par exemple, ont une place et une forme déterminées. Une gardienne ne ressemble pas à la Reine, une ventileuse n’équivaut pas une butineuse. D’ailleurs, une Reine ne se définit pas elle-même en tant que telle, ce sont les humains qui l’ont nommée ainsi au vu de sa taille et de l’attention dont elle fait l’objet. La Reine est déterminée par sa forme, mais elle n’est là que pour trouver un mâle, se faire féconder et pondre le plus possible, sans autre prétention. Ce sont les ouvrières qui décident ensuite de nourrir telle ou telle nymphe, en fonction des besoins de la ruche, pour la survie de l’essaim. Tout ici se fait pour le bien commun. Solidarité à l’état pur.
      D : Je sais, c’est moi qui l’ai inventé ça aussi. Mais j’ai dû bannir ego, orgueil et individualisme pour y parvenir. Du coup, plus de choix, plus de libre arbitre !
      J : Oui, et tu t’es bien planté si tu espérais que les hommes allaient en prendre de la graine. Parce que ça n’a pas du tout fonctionné. Contrairement aux abeilles, chez eux l’habit fait le moine. Alors, ils sont obligés de se distinguer autrement. Ils utilisent la compétition, qui débouche sur un système de concurrence… qui engendre la violence, la destruction, l’extermination des opposants. De plus, avec leur système manichéen, ils ont pris la sale habitude de désigner un coupable pour tout, ce qui leur évite de se remettre personnellement en question.
      D : Ça, j’en sais quelque chose. Ah, il a bon dos Dieu dans les catastrophes. « Mais pourquoi il a laissé faire ceci ? Mais pourquoi il a autorisé cela ? » Comme si c’était moi qui avais découvert la fission nucléaire, inventé le nazisme, la guerre froide ou irradié des pays entiers. Alors que mon rôle se borne à ramasser les morceaux et à essayer de les recoller.
      J : Ce qui ne nous empêche pas de chercher des solutions pour améliorer les choses non ? Si on excepte la colle de poisson…
      D : Oui. Il y aurait encore un autre système qui pourrait fonctionner en tenant compte de la nature humaine, c’est les « solitaires ».
      J : Les quoi ?
      D : Mâles et femelles vivent leur vie, se rencontrent de temps en temps, procréent, élèvent, ou pas, leur progéniture, puis chacun se sépare et Dieu pour tous ! C’est en partie ce que vivent les humains d’aujourd’hui dans le monde occidental. Le hic c’est que l’homme n’étant pas fait pour vivre seul, il assume très mal sa solitude.
      J : Donc, en fait de solution, à part celle de retirer à l’homme son libre arbitre, sa conscience et sa mémoire ?
      D : Tu crois que ça fonctionnerait si on imitait la société des pieuvres ?
      J : C’est-à-dire ?
      D : J’ai vu à la télé l’autre jour, que les pieuvres sont autant, sinon plus, intelligentes que les hommes. Elles ont une mémoire phénoménale et des facultés d’adaptation incommensurables. Elles peuvent même se communiquer savoir et expérience d’un individu adulte à l’autre. Une fois fécondée, la femelle surveille ses œufs. Pendant six semaines, elle les protège, les « ventile », les nettoie, tout ça sans manger. Forcément, lorsqu’ils éclosent, elle meurt, mais pas seulement de faim. Des sécrétions endocriniennes provenant des deux glandes optiques sont la cause d’une mort génétiquement programmée.
      Le jeune poulpe doit donc refaire les expériences de survie sur sa seule mémoire génétique, sans pouvoir bénéficier de la mémoire de ses géniteurs. Remarque, ça fonctionne bien pour elles manifestement, et je me dis que devoir tout réapprendre et réinventer chaque fois, finalement ça occupe et évite bien des errances. Je constate que chez les hommes qui ne sont préoccupés que de leur survie, il y a moins de bagarres que chez les inactifs qui s’ennuient.
      J : Tu as parfaitement raison Dad. On devrait pouvoir adapter une partie de ce modèle aux humains. Pour des raisons évidentes de survie, le parent accompagnerait sa progéniture un peu plus loin que ne le font les pieuvres. Jusqu’à ce qu’elle en sache assez pour survivre, mais sans plus, puis il disparaîtrait. Ça résoudrait bien des problèmes de surpopulation. Par contre, pour éviter les épisodes vindicatifs, les problèmes d’héritage, de jalousie, de territoire, les prises de pouvoir, les manipulations et toutes autres déviances consécutives, il faudrait trouver quelque chose d’efficace pour qu’il n’y ait pas de transmission possible pendant cette courte période où l’adulte côtoierait l’enfant.
      D : Et pourquoi pas l’obsolescence programmée ? C’est très tendance avec les ordinateurs et les machines à laver. On installe une petite pièce défectueuse dans le cerveau humain et hop, dès le Coït bingo ! toute la mémoire qui ne sert pas exclusivement à la survie et à son enseignement est effacée.

      Christina : Hum, au fait, je fais quoi moi, ici, un stylo à la main devant cette feuille blanche ?

      #335695
      Vincent de l'ÉpineVincent de l’Épine
      Maître des clés

        Oui. texte irrévérencieux et amusant, merci Christina.

        #335731
        ChristinaChristina
        Participant

          Bonjour Vincent,
          et merci beaucoup pour ce commentaire,
          cela veut-il dire que mon texte est validé ?
          bonne journée,
          Christina

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