HUGO, Victor – Ruy Blas – Acte III, scène 5 – Tirades de Don Salluste

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    PierrePierre
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      PierrePierre
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        Don Salluste. Ah çà, mais-vous rêvez ! Vraiment ! Vous vous prenez au sérieux, mon maître. C’est bouffon. Vers un but que seul je dois connaître, but plus heureux pour vous que vous ne le pensez, j’avance. Tenez-vous tranquille. Obéissez. Je vous l’ai déjà dit et je vous le répète, je veux votre bonheur. Marchez, la chose est faite. Puis, grand’chose après tout que des chagrins d’amour ! Nous passons tous par là. C’est l’affaire d’un jour. Savez-vous qu’il s’agit du destin d’un empire ? Qu’est le vôtre à côté ? Je veux bien tout vous dire, mais ayez le bon sens de comprendre aussi, vous. Soyez de votre état. Je suis très bon, très doux, mais, que diable ! Un laquais, d’argile humble ou choisie, n’est qu’un vase où je veux verser ma fantaisie. De vous autres, mon cher, on fait tout ce qu’on veut. Votre maître, selon le dessein qui l’émeut, à son gré vous déguise, à son gré vous démasque. Je vous ai fait seigneur. C’est un rôle fantasque, -pour l’instant. -vous avez l’habillement complet. Mais, ne l’oubliez pas, vous êtes mon valet. Vous courtisez la reine ici par aventure, comme vous monteriez derrière ma voiture. Soyez donc raisonnable.

        […]

        Ruy Blas. Vous n’avez pas de preuve !

        Don Salluste. Et vous pas de mémoire. Je fais ce que je dis, et vous pouvez m’en croire. Vous n’êtes que le gant, et moi je suis la main. Bas et se rapprochant de Ruy Blas. Si tu n’obéis pas, si tu n’es pas demain chez toi, pour préparer ce qu’il faut que je fasse, si tu dis un seul mot de tout ce qui se passe, si tes yeux, si ton geste en laissent rien percer, celle pour qui tu crains, d’abord, pour commencer, par ta folle aventure, en cent lieux répandue, sera publiquement diffamée et perdue. Puis elle recevra, ceci n’a rien d’obscur, sous cachet, un papier, que je garde en lieu sûr, écrit, te souvient-il avec quelle écriture ? Signé, tu dois savoir de quelle signature ? Voici ce que ses yeux y liront : ” moi, Ruy Blas, ” laquais de monseigneur le marquis de Finlas, ” en toute occasion, ou secrète ou publique, ” m’engage à le servir comme un bon domestique. “



        Source: Wikisource.

        http://fr.wikisource.org/wiki/Ruy_Blas/Acte_3

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