NOAILLES, Anna (de) – La Domination
Donneuse de voix : Carole Détain | Durée : 5h 53min | Genre : Romans
Anna de Noailles (1876-1933) a publié trois romans, La Nouvelle Espérance (1903), Le Visage émerveillé (1904) et La Domination (1905) ainsi qu’une autobiographie en 1933. Le reste de son œuvre est constitué par des recueils de poésie. Dans La Domination, Antoine Arnaud est un personnage à qui tout réussit. Il est jeune, beau, aisément séducteur. Il est un écrivain célèbre, il se lance en politique et devient député. Il a une vingtaine d’années au début du roman. Vingt ans auront passé à la fin du roman.
Anna de Noailles, visiblement nourrie par le romantisme littéraire du XIXe siècle, développe dans ce roman, plus encore que les deux précédents, une forme sans doute exacerbée du romantisme. La sensibilité du protagoniste est extrême. Il est sensible à la beauté, à toutes les formes d’art, au drame qu’a représenté la guerre de 1870. Il est possédé par un orgueil démesuré, souffre d’un profond mal-être existentiel. Il se jette à corps perdu dans l’amour passion lorsqu’il le rencontre, l’amour passion étant à ses yeux le seul sentiment qui, peut-être, donnerait un certain intérêt à la vie. Le lecteur le suit dans de nombreux voyages, aux Pays-Bas, en Italie et en Espagne. Les descriptions de la nature, des lieux visités, des ambiances attachées à ces lieux, sont d’une grande justesse, d’une grande beauté, d’une poésie présente dans chaque page du roman. Le milieu social, extrêmement favorisé, est source de dépaysement et de curiosité pour le lecteur « moyen » du début du XXIe siècle. Le style, bien sûr, celui d’une d’un grand poète, nous enchante.
Les trois romans d’Anna de Noailles figurent d’une certaine façon une trilogie dont le thème essentiel est celui d’une profonde sensibilité qui rend la vie impossible. Anna de Noailles s’éteint elle-même, sans pathologie médicale définie, à l’âge de 56 ans. La proximité entre sa propre psychologie et celle de son protagoniste dans ce roman (ainsi que dans les deux romans précédents) apparaît évidente et est, en cela, singulièrement émouvante.
Illustration : Anna de Noailles vers 1905, photographie d’Otto Wegener.