Abattoir de volailles

Job d’été

Bonjour,

Je vous propose un texte sélectionné et lu par Guillaume de Louvencourt pour son émission L’Instant littéraire.

La réification par le travail, la famille n’est pas toujours le lieu où s’achève la construction de soi, le travail peut avoir un effet révélateur. On se découvre sous un autre jour, sous un autre rapport avec l’autre.

Le début :
« Mon père m’avait tellement écrasé, tellement traité de bon à rien, que je crus pendant longtemps que je serais plus tard incapable d’avoir un métier. Mon premier emploi fut un job d’été. Je travaillai pendant un mois aux abattoirs de la commune. C’était un travail dur, éprouvant physiquement. J’étais équipé d’une sorte de grosse cuillère et je vidais les poulets. Un poulet toutes les sept secondes. J’avais intérêt à suivre la cadence, sinon à moi tout seul, je pouvais être responsable de l’arrêt de la chaîne… »

Avec l’accord de Guillaume de Louvencourt que je tiens à remercier pour sa grande gentillesse, et bien sûr sa très belle lecture.


Illustration :

Abattoir de volailles (image libre de droits).

Licence d'utilisation : Réutilisation du livre audio soumise à autorisation préalable.
Livre audio gratuit ajouté le 17/08/2017.

26 Commentaires

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  1. Chère Bruissement,

    Vous avez bien raison de ne pas me suivre, car j’avais moi-même bien du mal à me dépêtrer de cet embrouillamini.

    Je crois qu’à l’avenir j’éviterai de trop réfléchir en période caniculaire !

  2. Cher Ahikar,
    Le phénomène que vous évoquez est intéressant et le raccourci saisissant!
    Je m’explique:
    Votre grand-père disait “travailler comme Job”, or la souffrance de Job ne consistait nullement dans l’épreuve de son travail.
    En fait, c’était un riche propriétaire qui, certes, mettait la main à la pâte, mais avait, pour éviter toute fatigue excessive, un grand nombre de serviteurs, qu’il traitait bien, d’ailleurs.
    Vous ajoutez, très cher Ahikar, et vous ne m’en voudrez pas, gentil comme vous êtes, de ne pas vous suivre totalement sur cette assertion:
    “Donc, pour conclure, un travail très dur et désagréable, pour un salaire très bas, avec pour seule consolation une « rétribution spirituelle ». On n’est donc pas si loin que cela des épreuves de Job”
    Au contraire on est très loin des épreuves de Job, puisque d’une part son problème n’était ni le travail pénible ni le salaire bas et que d’autre part “la rétribution spirituelle” faisait défaut.
    L’immense souffrance de Job était avant tout…spirituelle.
    Basée d’abord sur une souffrance personnelle (il perd tous ses biens, notamment les plus précieux, ses enfants) puis sur une souffrance physique terrible (sa maladie est insoutenable) sa souffrance spirituelle est la plus grande.
    Car Job ne comprend pas pourquoi, toutes ses souffrances lui sont infligées alors qu’il a toujours vécu dans la justice, la droiture et la bonté.
    Son problème est un problème existentiel, c’est son amitié avec Dieu.
    Chacun connaît la fin heureuse, tant physique, matérielle que spirituelle de cette épreuve ahurissante.

    Je dis donc: que le rapport populaire du “job” avec “Job” est intéressant et le raccourci saisissant!

  3. Merci à tous pour vos commentaires, anecdotes et réactions.

    Chère Bruissement, cher Shmuel, vous avez raison, il n’y a à première vue aucun rapport entre Job, le personnage biblique et ce job d’été. Toutefois, cette remarque est très intéressante, et ce d’autant plus que l’étymologie du mot est assez obscure. Il semble en effet qu’à l’origine on appelait job une tâche désagréable, et je me rappelle de mon grand-père qui disait souvent « travailler pour des clopinettes » ou « travailler comme Job » quand il bêchait sa terre sous un soleil de plomb, cette terre qui en plus ne lui rapportait pas grand-chose. En plus ce job d’été aux abattoirs était sous-payé (Smic moins 20% en dessous de la majorité qui venait de passer depuis peu à 18 ans) ! Donc, pour conclure, un travail très dur et désagréable, pour un salaire très bas, avec pour seule consolation une « rétribution spirituelle ». On n’est donc pas si loin que cela des épreuves de Job !

  4. cela me rappelle mon paternel, moi aussi mon père me disait tout le temps ‘bon a rien’ et il ajoutait ‘nul en tout’ . ce job d’été me parait très désagréable, par rapport au mien qui était juste employé de bureau; a ce niveau la, on peut dire que j’ai eu de la chance. sinon, c’est très bien lu, continuez comme ca, Guillaume.

  5. Chers Nadine et Gérard
    Il n’y a pas de sot métier pour vous, tout comme pour moi, je vous assure, et je n’ai pas voulu manquer de respect aux personnes qui travaillent dans les abattoirs. J’ai mal exprimé ce que je voulais dire…ce n’est pas le travail en soi, qui est pour moi “horrible” et faire un travail dur et fatigant, tenir dans la durée, est une chose dont on peut être très fier…j’ai moi aussi travaillé du temps où l’on faisait 72h par semaine payées au mois (des clopinettes) mon père aussi était mineur. Ce n’est donc pas le travail en soi que je trouve “horrible” mais… ces œufs qui vous dégoulinent dans le cou…et, que voulez-vous, pour moi qui suis une fille, j’aurais vomi de dégoût! Supporter 12h debout à vendre dans le froid, ou 10h debout par 40° de chaleur humide à plier des serviettes j’ai pu, mais l’abattoir je n’aurais pas pu!

  6. Nadine et Gérard

    Merci pour ce texte très puissant très bien lu. La valorisation par le travail est malheureusement une chose que beaucoup de jeunes oublient. Ils rêvent tous de salaires mirobolants en en faisant le moins possible. La téléréalité, les millions des stars du football sortent complètement les gens de la réalité, ils ne vivent plus que dans le rêve.

    @Bruissement. Mon grand-père et mon père ont connu les houillères du bassin du Nord. Moi j’ai fait ma carrière à la Générale Sucrière à Ham. C’était tout aussi dur que de travailler dans un abattoir. Mais je ne dirai jamais que c’était horrible, comme je ne le dirai pas non plus par respect des personnes qui travaillent dans les abattoirs. Si personne n’acceptait de faire ce travail nous n’aurions pas grand chose dans nos assiettes. J’espère que vous comprendrez ma réaction qui n’est pas méchante. Il n’y a pas de sot métier pour moi.

  7. Merci cher Ahicar. C’est marrant comme on peut être bloqué, des fois. Je me demandais : “Quel rapport entre le Livre de Job et la saison estivale ? “

  8. Moi je me rappelle avoir fait les vendanges, je trouvais ça dur, mais c’était le Pérou à côté des poulets. Je crois que j’aurais pris mes jambes à mon cou. Travailler je veux bien, mais faut quand même pas pousser mémé dans les orties !

    Cédric

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