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lissagaray

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  1. Je tiens à féliciter la lectrice de La recherche du temps perdu et du Côté de Guermantes. Une lecture fluide, mélodieuse avec ce léger chevrotement de la voix qui n’est pas sans évoquer les grandes diseuses que furent Flon ou Fusier-Gir. Céleste Albaret m’aide à m’endormir. Je m’empresse de préciser que ces références sont de mon âge et que je ne sous-entend rien sur l’âge de ce fruit tentateur qui m’a aider à braver l’ukase de l’arbre interdit de la connaissance proustienne. Compte tenu de la wagnerolâtrie de Proust, un point me semble utile à préciser. Lohengrin se prononce Lohengrin(e) et non Lohengrin(ain). Selon une règle non écrite, cette prononciation est celle couramment admise. On pourra toujours s’éloigner de Wagner et nommer le chevalier sans nom par son nom d’origine Garin le Lorrain. Puisque nous sommes sur un site de lecteurs, de curieux, d’érudits, et Lohengrin n’étant pas, à l’inverse de Parsifal (Perceval), un personnage populaire de la quête du Graal (Lohengrin : je suis ton père !) mais aussi pour changer de sujet en l’élargissant, je livre à la curiosité de ma chère lectrice ce dont je ne doute pas qu’elle connaisse déjà, un petit extrait de La chute d’Albert Camus. La cause animale y est défendue puisque le cygne y est épargné au bénéfice de la bicyclette.

    La Hollande est un songe, monsieur, un songe d’or et de fumée, plus fumeux le jour, plus doré la nuit, et nuit et jour ce songe est peuplé de Lohengrin comme ceux-ci, filant rêveusement sur leurs noires bicyclettes à hauts guidons, cygnes funèbres qui tournent sans trêve, dans tout le pays, autour des mers, le long des canaux. Ils rêvent, la tête dans leurs nuées cuivrées, ils roulent en rond, ils prient, somnambules, dans l’encens doré de la brume, ils ne sont plus là. Ils sont partis à des milliers de kilomètres, vers Java, l’île lointaine. Ils prient ces dieux grimaçants de l’Indonésie dont ils ont garni toutes leurs vitrines, et qui errent en ce moment au-dessus de nous, avant de s’accrocher, comme des singes somptueux, aux enseignes et aux toits en escaliers, pour rappeler à ces colons nostalgiques que la Hollande n’est pas seulement l’Europe des marchands, mais la mer, la mer qui mène à Cipango, et à ces îles où les hommes meurent fous et heureux.

    Bien à vous et à nos émerveillements futurs.

    PS. Je n’ai pas su comment adresser ce message de reconnaissance à l’intéressée. Je livre au Livre d’or cette pensée que les plus dégourdis sauront réorienter.

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