Philip Alexius de László - Wemyss, Lady Victoria, née Lady Victoria Alexandrina Violet Cavendish-Bentinck (1912)

Au temps de l’innocence

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« – Bon Dieu ! s’exclama tout à coup Lawrence Lefferts, détournant sa lorgnette de la scène […] et silencieusement il tendit sa lorgnette au vieux Sillerton Jackson.

Newland Archer suivit le regard de Lefferts et vit, avec surprise, que son exclamation avait été occasionnée par l’entrée d’une jeune femme dans la loge de Mrs Mingott. Cette jeune femme était svelte, un peu moins grande que May Welland, et ses cheveux bruns, coiffés en boucles serrées contre ses tempes, étaient encerclés d’une étroite bande de diamants. La jeune femme, qui semblait inconsciente de l’attention qu’attirait sa toilette originale, s’installa à côté de Mrs Lovell Mingott.

Ces messieurs attendaient avec un visible intérêt l’oracle qu’allait rendre Mr Sillerton Jackson. De ses yeux bleus troubles, ombragés de vieilles paupières sillonnées de veines, il scruta en silence la loge de Mrs Mingott ; puis, relevant sa moustache d’un air songeur, il dit simplement :

– Je n’aurais jamais cru que les Mingott oseraient cela. »

Au temps de l’innocence (The Age of Innocence), roman le plus connu d’Edith Wharton, reçut le prix Pulitzer en 1921. Il fut adapté au cinéma à trois reprises, notamment par Martin Scorcese en 1993.

Féroce satyre sociale autant qu’étourdissante histoire d’amour, il nous plonge dans la société conservatrice, étriquée et impitoyable du New York des années 1870. Les robes virevoltent au gré des bals incessants, les hommes parlent d’affaires au milieu des cigares et liqueurs dans leurs salons cossus. Newland Archer est promis à la belle May Welland, mais sans même s’en rendre compte, il étouffe au milieu des conventions et des faux-semblants. Il va rencontrer à l’opéra l’éblouissante Comtesse Olenska, et sa vie va en être bouleversée.

Traduction : Traduction anonyme parue dans la Revue des Deux Mondes en 1920.

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Références musicales :

Pietro Mascagni, Cavalleria Rusticana – Intermezzo Sinfonico, interprété par l’ensemble Fulda Symphonic Orchestra, dirigé par Simon Schindler (licence Cc-By-Sa-2.0).

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Livre audio gratuit ajouté le 01/01/2016.

56 Commentaires

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  1. Bonjour Bluenaranja !
    Grand merci à vous ! Si vous vouez un culte 🙂 à ce livre merveilleux, sachez que notre site vous en propose deux versions, la seconde étant lue par Daniel Luttringer.
    Pour une oeuvre qu’on connaît bien et qu’on apprécie beaucoup, cela peut être intéressant d’en écouter des versions différentes, tout comme on peut regarder des adaptations cinématographiques différentes.
    Merci de votre retour !

  2. J’adore ce livre, je l’ai lu et relu en anglais – j’ai acheté beaucoup de penguins classics books, collection très peu chère de livres de poche et qui pourtant tient dans le temps – j’en traîne certains partout depuis plus de vingt ans… Un plaisir de l’entendre en français merci !!

  3. Bonjour Annette,
    Si vous aimez ces ambiances,peut-être serez-vous sensible aux romans d’Elizabeth Gaskell, dont plusieurs fort agréablement lus par Cocotte et Florent se trouvent sur notre site (Lady Ludlow, Cousine Phillis), ainsi que les oeuvres d’Anthony Trollope (lues par Daniel ou par moi-même). Ils sont clairement un peu plus légers que Austen ou James, mais ce n’est pas péjoratif et je trouve leurs oeuvres vraiment délicieuses.
    Et Pauline Pucciano travaille sur un roman de Thomas Hardy qui devrait être très intéressant.
    J’espère que ces quelques auteurs pourront vous satisfaire.
    Merci pour votre fidélité à notre site. Je vous souhaite une excellente journée et vous envoie toute mon amitié.
    Vincent

  4. HELAS TOUS LES LIVRES DE MME WHARTON LUS ICI SONT DÉJÀ ÉCOUTÉS ET
    J’AI ADORÉ SURTOUT GRÂCE À VOUS !

    H. JAMES ET JANE AUSTEN SONT AUSSI APPRÉCIÉS

    AURIEZ-VOUS UN AUTRE AUTEUR À ME CONSEILLER ?
    MERCI DE VOTRE AIDE

  5. Bonjour Annette,
    Vraiment, votre commentaire me va droit au coeur. Je vous en remercie sincèrement !
    Malheureusement, “Les boucanières”, le dernier roman d’Edith Wharton (inachevé) a été traduit très tardivement et sa traduction n’est pas libre de droits : nous ne pouvons pas l’utiliser ici. La version “complétée” par Marion Mainwaring n’est bien sûr pas non plus libre de droits… Nous ne pourrons donc pas vous proposer ce texte.
    Mais nous avons de nombreuses nouvelles d’Edith Wharton, et d’autres encore qui vont sortir prochainement. Côté romans, peut-être aimerez-vous aussi “Plein Eté”, et “Chez les heureux du monde” qui sont déjà parus, et aussi “Leurs Enfants”, qui sortira dans quelques semaines.
    Grand merci de vos compliments et aussi d’avoir pris le temps de laisser ce petit mot, c’est important pour nous !
    Amicalement

  6. VOTRE VOIX SE PRETE MERVEILLEUSEMENT À CET AUTEUR ET AU CHARME DE SES RÉCITS
    N’AVEZ-VOUS PAS LA POSSIBILITÉ DE LIRE SON DERNIER ROMAN “LES BOUCANIÈRES” ?
    JE L’AI LU VERSION PAPIER MAIS RÈVE DE L’ÉCOUTER AU TRAVERS DE VOTRE VOIX

    MERCI DE VOTRE DISPONIBILITÉ ET DE VOTRE “ART” CAR IL EN S’AGIT BIEN D’UN !!!

  7. Bonjour Pauline,
    J’ai pris un peu de temps pour vérifier et vous avez raison :-)… Peut-être s’agit-il d’un tic d’écrivain, ou d’une facilité, mais je ne crois pas car j’ai lu et même traduit plusieurs de ses oeuvres et j’aurais fini par m’en rendre compte… Cela semble spécifique à ce roman. Mais peut-être cela est-il aussi le signe de l’extrême tension morale dans laquelle vivent ces gens. Les émotions sont rentrées, rarement exprimées…
    Et je vous remercie pour vos compliments ; vous voyez, vous aussi me faites rougir…

  8. Puis-je me permettre encore une remarque futile ? Qui n’entache en rien ni la qualité extraordinaire de votre lecture, ni l’admiration et l’amour sans bornes que je porte à Edith Wharton… Mais il me semble que tous les personnages rougissent sans cesse, même Archer n’est pas épargné par ce ridicule… Cette rougeur atteint souvent des extrémités inhabituelles – gorge, oreilles… Les romanciers abusent-ils de ce signe physique commode pour leur narration ? Ou bien les gens rougissaient-ils vraiment à tout propos dans ce milieu et à cette époque ? C’est la question que je me pose.

  9. Bonjour chère Pauline,
    Merci de votre intérêt pour cette lecture ! C’est amusant, mais je m’étais fait moi-même cette remarque en voyant ce film quelques semaines après l’enregistrement de ce livre. La seule explication que je puis vous donner, c’est que Winona Ryder est brune, et Michelle Pfeiffer blonde… et j’ai un peu de mal à les imaginer échanger leurs rôles :-).
    Amicalement

  10. Je me délecte, cher Vincent, et vous en remercie …Une chose cependant me tracasse : j’ai vu, il y a une vingtaine d’années, la belle adaptation de Scorsese… où May est brune, et Helen blonde!

Lu par Vincent de l'ÉpineVoir plus

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